Bethléem, la procession quotidienne sur les lieux de la Nativité

21 août 2023

La Custodie en Terre Sainte

A l'instar de la procession du Saint-Sépulcre, les Frères de la Custodie de Terre Sainte effectuent une autre procession quotidienne, à Bethléem, tout aussi ancienne et à laquelle participent de nombreux pèlerins.

Il s'agit de la procession qui se déroule à l'intérieur de la Basilique de la Nativité, sur les lieux les plus importants de la naissance du Sauveur, de la grotte où il est né au dédale des grottes de la partie souterraine de la Basilique.

“Comme toutes les processions effectuées dans les Lieux Saints, celle-ci aussi est née avec l'intention d'accueillir les pèlerins et de les conduire, à travers un itinéraire précis, jusqu'au Lieu Saint”, souligne le Frère Luis Enrique Segovia, gardien du couvent franciscain de Sainte-Catherine à Bethléem. La procession est organisée du lundi au samedi, à midi, par les Frères de la basilique, avec quelques exceptions dues aux célébrations des autres communautés, grecque orthodoxe et arménienne, qui gèrent ce lieu avec nous”.

L'histoire de la Procession

Il est facile de faire remonter l’existence de ce rite processionnel au XVI^ème siècle, puisque déjà en 1623 le Frère Tommaso Obicini da Novara (Custode de Terre Sainte et liturgiste) en modifie et actualise les prières et les hymnes dans son livret “Processio celebranda ad sanctissimum nascentis Christi presepe in Betlehem”.

La liturgie de la procession de Bethléem s'appuie non seulement sur les Évangiles, mais aussi sur les célèbres citations de saint Jérôme, qui vécut longtemps dans cette ville et put y poursuivre son travail de traduction de la Bible : à chaque station correspond toujours une phrase sur Noël tirée de ses lettres, de ses commentaires ou de ses homélies.

Description de la procession quotidienne

Le rituel de la procession (dont l'Ordo Processionis peut être téléchargé ici) prévoit pour chaque jour des arrêts et des prières à quatre stations, avec pour chacune d'elles un hymne, l’encensement et la récitation du Pater, de l’Ave Maria et du Gloria. Les fidèles, aujourd'hui au nombre de 30 au maximum, sont invités à suivre toute la liturgie tenant une bougie allumée entre leurs mains.

Le Frère qui préside la liturgie (appelé “ebdomadario”, c'est-à-dire le responsable de la célébration du culte pour une semaine donnée) et les deux assistants, ainsi que le thuriféraire chargé de l'encens, dirigent la procession qui commence dans l'église franciscaine dédiée à Sainte Catherine, et se dirige ensuite vers la grotte de la Nativité.

C'est dans cette grotte que se trouvent les trois premiers autels. Ainsi, le premier arrêt se fait à l'autel de l'étoile, là où Jésus est né : l'étoile avec l'inscription latine “Hic de Virgine Maria Iesus Christus natus est” indique le lieu précis de la Nativité. La procession se dirige ensuite vers la crèche, où Jésus a été déposé, et enfin vers l'autel des Rois Mages, juste en face, où les Latins célèbrent quotidiennement la Sainte Messe.

Après la troisième station, la procession débouche sur un couloir (passage privé des Latins) qui relie la Nativité aux grottes abritant les autres autels. Alors qu'au cours des siècles précédents, elle s'arrêtait à chacun d'entre eux, aujourd'hui un seul autel est choisi chaque jour comme dernier point de l'itinéraire : c'est l'ebdomadario qui décide de l'ordre hebdomadaire à suivre.

Les autels ici sont au nombre de six: celui dédié à saint Joseph, celui des Saints Innocents, celui de l'oratoire et du cénotaphe de saint Jérôme, ceux des saintes Paule et Eustachium et enfin celui du tombeau de saint Eusèbe. Le samedi, jour traditionnellement dédié à la Vierge, la procession se termine à l'église Sainte-Catherine par l'encensement de l'autel.

“Il y a parfois des groupes de pèlerins qui souhaitent prier dans leur propre langue, toutefois, conformément au statu quo, qui s'applique ici aussi, les chants doivent se faire en latin, tandis que les prières peuvent être récitées dans différentes langues”, souligne le Frère Enrique, “dans la Basilique, le sacristain coordonne les célébrations entre franciscains, orthodoxes et arméniens, afin que les pèlerins puissent visiter ces lieux saints de manière plus ordonnée. En fait, cette procession également est réalisée pour eux, tout comme les autres : le parcours les aide chaque jour à revivre le moment et les lieux de la Naissance et de la Manifestation du Seigneur Jésus, et les accompagne, par la prière et les chants, dans la contemplation de ce Mystère”.