« Du champ de mines au lieu de prière » : l'église franciscaine au bord du Jourdain célèbre de nouveau le baptême de Jésus | Custodia Terrae Sanctae

« Du champ de mines au lieu de prière » : l'église franciscaine au bord du Jourdain célèbre de nouveau le baptême de Jésus

Le dimanche 10 janvier 2020, après 54 ans et 3 jours, les franciscains de la Custodie de Terre Sainte ont de nouveau célébré la messe dans l'église Saint Jean-Baptiste à Qasr Al-Yahud, sur les rives du Jourdain, un site chrétien où l’on fait mémoire du Baptême de Jésus.

La liturgie a commencé par une procession de franciscains ; ils sont arrivés depuis le monastère grec-orthodoxe de Saint-Jean, jusqu'au terrain franciscain non loin des rives du fleuve, où la messe a été célébrée. Juste avant, le curé de Jéricho, fr. Mario Hadchity, a accueilli les frères et le Custode de Terre Sainte, fr. Francesco Patton. « Nous sommes heureux, en ce jour spécial, que la Custodie de Terre Sainte, avec l'aide de Dieu, ait pu, après plus d'un demi-siècle, revenir à l'église latine de Saint-Jean-Baptiste » a déclaré fr. Mario. « Qu'il soit un lieu où tous ceux qui y entrent puissent rencontrer la grâce de Dieu ». Après le baiser de la croix et l'encensement, le Custode a fait son entrée solennelle en ouvrant personnellement les portes du site, fermé depuis plus d'un demi-siècle.

La célébration, présidée par le Custode de Terre Sainte, a réuni le Nonce apostolique en Israël et à Chypre et le Délégué apostolique à Jérusalem et en Palestine, Mgr Leopoldo Girelli, le Consul général italien Giuseppe Fedele, la vice-consule espagnole Paloma Serra et un représentant des autorités militaires israéliennes. Conformément à la réglementation due au coronavirus, une cinquantaine de personnes étaient présentes, réparties en groupes de dix et espacées les unes des autres.

« C'était le 7 janvier 1967 que deux prêtres célébraient pour la dernière fois la messe dans ce sanctuaire et signaient le registre des messes. Fr. Sergey a pu le récupérer le 9 août 2018, en entrant au petit couvent dès que le terrain a été déminé » a déclaré fr. Patton dans son homélie.

« Il s’agissait d’un prêtre anglais, le père Robert Carson et d’un prêtre nigérian, le père Silao Umah. Aujourd'hui, 54 ans et 3 jours plus tard, nous pourrions dire au début de cette 55e année depuis la fermeture de ce registre, qu’à la fin de cette messe, nous rouvrirons ce même registre, nous tournerons la page et, sur une nouvelle page, nous pourrons écrire la date d'aujourd'hui, le 10 janvier 2021, et signer de nos noms, pour témoigner que ce lieu, qui avait été transformé en camp de guerre, en champ de mines, est redevenu un champ de paix, un lieu de prière ».

Le terrain, déjà fréquenté depuis 1641 pour le pèlerinage annuel, fut acquis par la Custodie en 1932, mais ce n'est qu'en 1956 qu'une petite église, dédiée à Saint Jean-Baptiste, a été construite. Puis, elle fut confiée aux frères du couvent de Jéricho. En 1967, avec le déclenchement de la guerre entre Israël et la Jordanie, qui toucha la région de si près qu'elle fut transformée en un champ de mines de 55 hectares, les franciscains furent contraints de s’enfuir du couvent en toute hâte, en abandonnant le site. Trente-trois ans plus tard, en 2000, un accès fut ouvert à l'occasion de la visite du pape Jean-Paul II en Terre Sainte.

En 2011, les autorités israéliennes ont rendu le site accessible aux pèlerins, et ce n'est qu'en janvier 2018 que l'association Halo Trust a concentré son intérêt sur cette zone, en commençant les travaux de déminage en mars de la même année, et en la libérant complètement fin octobre 2018.

Les clés du site ont ensuite été rendues en octobre 2020 et les travaux de nettoyage et de restauration ont pu commencer afin de rendre à l'avenir le site accessible aux pèlerins. « Des travaux urgents ont été effectués afin de rendre le lieu accessible pour la célébration du Baptême d'aujourd'hui » a commenté l'ingénieur Leonardo Di Marco, Directeur du Bureau technique de la Custodie. « Nous souhaitons rouvrir le lieu aux pèlerins, qui pourront trouver un lieu où s’arrêter pour méditer dans des coins de prière qui seront créés autour de l'église centrale entourée d'un jardin de palmiers. L'expérience des pèlerins se poursuivra par une visite au Jourdain par la route derrière l'église de Saint-Jean qui mène vers l'autel situé sur les rives du Jourdain, également propriété de la Custodie ».

A la fin de la célébration eucharistique, avant de signer le livre des messes, le Custode de Terre Sainte a remercié les autorités présentes et l'équipe du Bureau Technique qui s'occupe de la récupération et de la restauration du site. « Je tiens à remercier tout particulièrement le président Rivlin qui a vivement désiré le retour de ces lieux saints aux Églises », a déclaré le Custode, fr. Patton. « Au cours de tant de réunions, il a toujours parlé de son rêve que les deux rives du Jourdain soient en paix et qu'il y ait, également grâce à ce lieu saint, une collaboration entre Israël, l'Autorité palestinienne et le Royaume de Jordanie. C'est pourquoi, ces dernières années, le Président a fait de nombreux efforts pour que ce lieu redevienne un lieu de prière et d'accueil des pèlerins. En tant que Custodie de Terre Sainte, nous sommes très heureux que le premier endroit à être redevenu un lieu de prière et de célébration dans la région soit précisément notre sanctuaire de Saint-Jean-Baptiste ».

Après la signature, tous les fidèles présents ont poursuivi la célébration par une courte procession jusqu'au deuxième autel franciscain situé sur la rive du Jourdain. En ce lieu, un passage du Livre des Rois a été lu, puis l'assemblée s'est dispersée vers la rive du fleuve où le Custode, comme des milliers de pèlerins avant lui, a plongé ses pieds nus dans les eaux du fleuve.


 

Giovanni Malaspina