Noël : Messe de minuit à Bethléem | Custodia Terrae Sanctae

Noël : Messe de minuit à Bethléem

Il fallait avoir la foi chevillée au corps pour venir assister à la messe de minuit à Bethléem.
En effet, il fallait d’abord braver les oiseaux de mauvais augure qui veulent faire croire que la ville, sous autorité palestinienne, est dangereuse. Il fallait ensuite avoir le courage de passer la frontière érigée par Israël pour sa sécurité. (À noter toutefois que pour les fêtes les contrôles ont été allégés.) Il fallait avoir eut la prudence de se munir du précieux sésame qui seul donne accès à l’église Sainte-Catherine. Il fallait enfin se mesurer aux éléments car non seulement il faisait très froid mais il pleuvait à torrent samedi soir tandis que les pèlerins convergeaient vers la cité de David.

La sécurité avait été renforcée cette année, moins par peur d’actes inconsidérés que pour assurer aux pèlerins des conditions supportables pour la veillée de Noël. On attendait en effet du monde cette année à la basilique de la Nativité et de fait, près de 30 000 pèlerins sont venus passer Noël à Bethléem. L’église Sainte-Catherine, où se déroule la messe de minuit, ayant une capacité réduite, il faut retenir sa place. Cette année, pour la première fois, quelque 400 fidèles ont pu trouver une place assise. En effet, le choix avait été fait de laisser les bancs dans l’église en les disposant sur les côtés. Mais la plupart des 2 000 fidèles étaient debout.

Vers 22 h 45 la veillée commença par l’office des Lectures suivi de la messe de la Nativité présidée par sa Béatitude Mgr Michel Sabbah, accompagné de Mgr Fouad Twal, son coadjuteur, Mgr Kamal Bathish, évêque auxiliaire et plus de 150 concélébrants. Plusieurs ambassadeurs et consuls étaient présents ainsi que le président de l’autorité palestinienne Monsieur Mahmoud Abbas qui assista à la célébration jusqu’à l’échange du baiser de paix. La messe était animée par la Chorale de Terre Sainte, dirigée par Mme Hania Sabbara et accompagnée à l’orgue parle père Armando Pierucci, ofm qui avait composé pour l’occasion une messe pour quatre voix permettant néanmoins la participation des fidèles. Le service liturgique était assuré par les étudiants franciscains venus de Jérusalem le matin même.

À l’issue de la messe, le patriarche et tous les prêtres se dirigèrent, selon la tradition, en procession à la grotte, Mgr Sabbah portant dans ses bras une statue de l’Enfant Jésus. Au lieu même de la Nativité, l’assemblée des prêtres écouta la proclamation de l’évangile selon saint Luc rapportant l’événement, tandis qu’un diacre mimait les gestes décrits par l’évangéliste, enveloppant de langes l’Enfant et le posant sur l’étoile d’argent, qui rappelle le lieu de la naissance, puis en le couchant dans la mangeoire (l’actuel autel des latins).

Depuis la fin d’après-midi, les groupes se sont succédé à Beit Sahour, le village du champ des bergers, pour célébrer la naissance du Christ. À minuit, trois messes basses étaient célébrées à la grotte même par les prêtres de la paroisse de Bethléem, et après une interruption d’une heure pour permettre aux arméniens et aux grecs orthodoxes de célébrer leurs offices nocturnes, toute la nuit et toute la journée des messes ont été célébrées à la grotte, offrant à de nombreux fidèles de vivre la joie de Noël sur le lieu même de l’avènement du Messie, petit enfant de la crèche.

À l’église Sainte-Catherine, le 25 décembre, Mgr Sabbah célébra la messe du jour devant une assemblée nombreuse de paroissiens et de pèlerins. Puis des messes dans différentes langues furent dites par les groupes étrangers heureux d’être dans la ville de Bethléem en ce saint jour.
Parmi ces messes, il faut mentionner celle de la communauté philippine résidant et travaillant en Israël qui réunit un grand nombre de fidèles venus de Jaffa.
Dans l’après-midi, les frères franciscains quant à eux, et selon leur habitude, allèrent prier au champ des bergers des grecs orthodoxes puis au champ des bergers franciscain.

A Bethléem, la joie de Noël est toujours présente dans les cœurs. Non seulement la liturgie invite l’Eglise universelle à prolonger cette joie durant l’octave. Mais en Terre Sainte, la minorité chrétienne, quoiqu’il en soit de ses différences, va continuer de vivre la fête jusqu’à ce que toutes les confessions aient célébré leur Noël.