Un chemin de croix pour la paix dans les rues de Bethléem | Custodia Terrae Sanctae

Un chemin de croix pour la paix dans les rues de Bethléem

Un chemin de croix pour la paix dans les rues de Bethléem, l’événement n’est pas banal. Il s’est déroulé samedi 1er mars dans le cadre de la campagne lancée en Italie : « Un pont pour la Paix ». Tout est parti du vibrant appel que lancèrent, en décembre 2006, les sœurs Élisabéthaines du Caritas Baby Hospital de Bethléem.

L’hôpital est situé sur un terrain de la Custodie, non loin du check point. Le 1er mars 2004, les sœurs ont vu ériger les six premiers blocs de bétons de huit mètres de haut qui ont depuis coupé hermétiquement Bethléem de Jérusalem. Depuis leur hôpital pédiatrique, le seul du genre en Cisjordanie, elles voient la situation, sanitaire et sociale notamment, se dégrader inexorablement. Tous les vendredis, les sœurs disent le chapelet le long du mur. Leur voix a été entendue dans toute l’Italie, et est, depuis 2006, relayée par de nombreuses paroisses, diocèses, associations et mouvements divers.
La campagne s’intitule « Un pont pour la paix » et cette journée du 1er mars, dédiée à la construction d’un mur de dialogue et de prière, en constitue un des événements phares dans les paroisses italiennes.
Cette année, les paroisses de Beit Sahour, Beit Jala et Bethléem ont organisé un chemin de croix dans les rues de la ville de la Nativité.

Une foule nombreuse des Chrétiens palestiniens des environs y a participé. Un des faits marquant était sans nul doute la jeunesse de ce cortège. Ce sont d’ailleurs les jeunes qui ont animé la prière tout au long des quatorze stations, épaulés par les séminaristes du Patriarcat latin, eux-mêmes en résidence à Beit Jala.
Un groupe d’une quarantaine d’Italiens s’étaient joint aux Chrétiens locaux. Tous ont été accueillis dans l’église de la paroisse Sainte-Catherine par Mgr Fouad Twal, coadjuteur de sa Béatitude Mgr Michel Sabbah.

Pendant la méditation de cette station, l’assemblée a également prié en pensant aux événements dramatiques de Gaza le jour même, et aussi prié pour la libération de Mgr Paulos Faraj Rahho, archevêque de Mossoul des Chaldéens, en Irak, enlevé le 29 février.

Avant de donner sa Bénédiction, Mgr Twal a remercié les paroisses et associations italiennes pour leur soutien à la Terre Sainte. « Il est la preuve que nous ne sommes ni oubliés ni abandonnés ». Mgr Twal a ensuite invité la foule présente, en italien d’abord puis en arabe, à se tourner vers le Christ : « La situation dramatique que nous vivons ici nous renvoie directement à l’évangile. Elle nous invite à prendre au sérieux l’évangile, à prendre au sérieux les paroles du Christ. « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. »

Il n‘est plus possible de vivre en Terre Sainte, d’aimer la Terre Sainte, de travailler en Terre Sainte, sans la croix. Le Christ le premier, le Christ avant nous, avant vous, a pris sa croix. Le Christ avant nous est tombé. La première fois, la seconde fois, la troisième fois, il s’est relevé. Il nous a enseigné ainsi à nous relever nous aussi, à reprendre courage et espoir, à avoir la foi, à croire en la paix. Nous vous remercions pour votre aide. Ces gestes sont précieux. Ils nous aident à ne pas mourir, ils nous aident à survivre. Nous, nous voulons la paix, cette paix que les hommes politiques de la communauté internationale jusqu’ici n’ont pas pu, non pas voulu nous obtenir.

Nous voulons dire « Assez de violences, assez d’attaques, assez de morts. Nous sommes fatigués de cette situation, de ce mode de vivre. Nous sommes fatigués de cette politique qui dit comme gérer le conflit sans le résoudre.
Lui le Christ avant nous est tombé, avant nous il s’est relevé, avant nous il a vécu le chemin de croix, il a cheminé jusqu’à la résurrection. Prenons l’évangile au sérieux. Comme Il l’a dit « N’ayez pas peur ! » et nous n’avons pas peur. Nous prenons au sérieux ses paroles « Je vous donne Ma paix ». Et sa paix ce n’et pas celle des politiques, sa paix, ce n’est pas celle des militaires, sa paix elle se trouve dans la sérénité, dans la confiance en l’avenir, dans la confiance en l’homme, dans la confiance en soi. Cette paix que nous espérons et que nous l’attendons.

Nous qui sommes sur la croix, nous qui sommes derrière le mur nous avons le courage de souhaiter cette paix au monde entier. Nous qui sommes à genoux, nous avons le courage d’annoncer cette paix. Paix à vous, paix à cette Terre. »
Des applaudissements ont suivi les paroles de Mgr Twal. « Moi ça me donne du courage ces mots-là et une expérience de prière pareille », dit ce paroissien de Bethléem.
Si les politiques n’entendent pas au moins que les jeunes reprennent courage.

Mab