Capharnaüm | Custodia Terrae Sanctae

Capharnaüm

Ayant appris que Jean avait été livré, il se retira en Galilée et, laissant Nazara, vint s'établir à Capharnaüm, au bord de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephtali, pour que s'accomplît l'oracle d'Isaïe le prophète : 

Terre de Zabulon et terre de Nephtali, Route de la mer, Pays de Transjordane, Galilée des nations ! Le peuple qui demeurait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur ceux qui demeuraient dans la région sombre de la mort, une lumière s'est levée. Dès lors Jésus se mit à prêcher et à dire : 
"Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche."

L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 4, 12-17)

Le nom Capharnaüm

Le nom sémitique original de la ville était Kfar Nahum, c'est-à-dire le village (Kefar) de Nahum (nom de la personne) comme en témoignent les sources rabbiniques et une inscription trouvée dans la synagogue de Hammat Gader .Tant dans les évangiles que dans les écrits de Joseph Flavius, le nom est traduit en grec par Kapharnaum, nom qui est ensuite passé dans les langues modernes. Même après l'abandon de la ville, le nom est resté attaché au site antique jusqu’à nos jours. En arabe, le site est connu sous le nom de Tell Hum, c'est-à-dire la ruine (tell) de Hum (abréviation de Nahum). Nous ne savons pas qui est ce Nahum qui donna son nom au village. C’est seulement au Moyen- Age que certaines sources l’ont identifié avec le prophète du même nom de l'Ancien 

Identification de l'ancien Caphamaüm

L'identification des ruines de Talhum avec l'ancien Caphamaüm n'a pas été unanimement acceptée par les topographes du XIXe siècle. Des savants identifiaient, en effet, Capharnaüm avec Kh. Minyeh, des ruines de la vallée de Ginnosar, droit vers le sud de Tell 'Oreimeh et à 14 km de Tibériade.
Aujourd'hui, après les fouilles de Talhum et de Kh. Minyeh, et après une meilleure connaissance des sources littéraires, l'identification de l'ancien Capharnaüm avec Talhum n'est plus un sujet de discussion. 

De toute façon, il s'est avéré que les ruines de Kh. Minyeh sont simplement celles. Celles d'un château ommayade et ne possèdent rien d'antérieur à l'époque arabe. 
Par contre, les fouilles de Talhum ont mis au jour toutes les périodes d'occupation signalées par les sources littéraires. En outre, les deux édifices publics, - la synagogue et la maison de S. Pierre, - sont conformes aux descriptions des pèlerins. Enfin, les ruines de Talhum correspondent exactement à la situation géographique de l'ancien Capharnaüm: elles se trouvent à deux milles d'Heptapègon - et-Tabgha(le pèlerin Théodose), deux milles de Korazin (Eusèbe) et entre Heptapègon et le haut Jourdain.

L'histoire du village

D’après les sources littéraires et le résultat des récentes fouilles, il est possible de retracer les événements historiques de l'ancienne Capharnaüm. 
Déjà, au deuxième siècle avant JC à l’époque hasmonéenne, le premier village se formait sur les rives du lac. Son emplacement privilégié le long des rives nord du lac rempli de poissons, son voisinage avec les sources de Tabgha et sa proximité avec l’artère de la Via Maris, permettaient aux habitants de se consacrer aussi bien à la pêche qu’à l’agriculture et de bénéficier des trafics commerciaux qui se dénouaient entre la Galilée et Damas. 

Jésus a choisi Capharnaüm pour en faire le centre de son ministère public en Galilée. 
Nous savons, par les évangiles, qu’il y avait dans le village la maison de certains des apôtres, dont celle de Pierre où Jésus a pris demeure, et une synagogue où il allait le samedi.

Au premier siècle ap. JC une communauté de judéo-chrétien s’est réunit à Capharnaüm et a établit comme le lieu de leur rencontre la maison de Pierre, créant ainsi un lieu de culte domestique. La présence de judéo-chrétiens est également signalée par d'autres sources juives, ces premiers chrétiens qu’on appelait Minim ou hérétiques. Grâce à la paix de Constantin, les fidèles purent construire une domus ecclesia plus spacieuse qui pouvait accueillir les premiers pèlerins venant pour certains de loin. Pendant la période byzantine, la synagogue et l'église octogonale furent reconstruites dans des formes monumentales et élégantes, reflétant la croissance du niveau de vie économique et social des habitants et aussi l’attention que portaient les deux communautés chrétienne et juive sur ce lieu commun de Capharnaüm.
Durant la période arabe, le village a progressivement commencé à perdre de son importance jusqu'à son abandon total qui s’acheva au XIIIe siècle.

L'îlot sacré sur la maison de Pierre

C'est >en 1968 que, sous les fondations de l'église octogonale et à quelques 30 m au su de la synagogue, les fouilles ont remis au jour la "maison de S. Pierre". Cette maison est souvent mentionnée dans les Evangiles synoptiques, qui la mettent en relation avec les activités de Jésus à Capharnaüm; elle sera plus tard signalée par les pèlerins.
L'histoire de cette maison où Jésus a vécu, peut se résumer comme suit: 

  1. à la fin de la période hellénistique, construction de la maison;
  2. à la fin du Ier siècle de l'ère chrétienne, transformation de la maison en domus-eccIesia, c'est-à-dire en maison affectée aux assemblées religieuses;
  3. au IVe siècle, agrandissement de cette domus-ecclesia et érection d'un mur de clôture, qui la séparait du reste de la localité;
  4. dans la seconde moitié du Ve siècle, construction, au-dessus de la maison, d'une église octogonale, restée en usage jusqu'au VIIe siècle;
  5. l'identification de la maison de S. Pierre se fonde sur l'association des données archéologiques et des sources littéraires, qui concordent d'une façon étonnante.

La synagogue

La synagogue blanche de Capharnaüm a été le premier bâtiment sur lequel se sont concentrées les recherches des archéologues qui ont été mises en lumière à partir des premières fouilles de 1905 et des suivantes du P.Gaudenzio Orfali en 1921. A partir de 1969, les pères FranciscainsCorbo et Loffreda ont repris l’exploration de la synagogue. La fouille, faite à plusieurs reprises, a duré 13 ans, pour un total de vingt-cinq tranchées ouvertes tant à l'intérieur qu’à l'extérieur de la synagogue.

1 - Les résultats ont permis de corriger la datation de la construction de la synagogue, de l’assigner au quatrième siècle, contrairement à ce qui avait été proposé par les premiers chercheurs qui l’avait datée du II-IIIe siècle ap. JC
2 - Les fouilles visaient aussi à comprendre où était la synagogue qui avait été construite par le Centurion romain et fréquentée par Jésus. Les nouvelles fouilles ont conduit à la découverte de structures appartenant à des édifices plus anciens remplacés par la synagogue du quatrième siècle.

L’acquisition du site de Capharnaüm

Le mérite principal pour l'achat des ruines de Capharnaüm par la Custodie de Terre Sainte revient à Frère Giuseppe Baldi. Le P.Custode de cette époque, Frère Aurelio Briante, exprimait dans une lettre de 1886 ses intentions ainsi: «Pour ces choses, c'est-à-dire pour l'achat de Capharnaüm, il n'y a que Giuseppe de Naples et le Dragomano de Nazareth, dont j’ai besoin pour éviter d'être trompé. » 

L’acquisition fut longue et mouvementée. Dès le départ un nombre croissant de personnes se sont présentées comme étant propriétaire de la parcelle. La tribu bédouine de Samakieh, détentrice d'une grande partie de cette côte du lac, pensait en réalité pouvoir conclure une affaire avec la vente d’une parcelle qui jusque là n’avait aucune valeur et arriver ainsi à bénéficier d’une offre vraiment avantageuse. En fait, d’autres acheteurs, dont quelques-uns économiquement très puissants, se sont présentés pour l’achat: un certain homme offrit 1500 Napoleon et des Juifs, à leur tour, en proposèrent 2000. Un troisième a déclaré vouloir acheter non seulement les ruines de Capharnaüm, mais aussi celles de Corazim. Puis par ailleurs également, les Grecs-orthodoxes, une société catholique européenne et d'autres encore ont mis en oeuvre tous les moyens y compris économiques pour s’assurer de la propriété. 
La situation de la Custodie à ce moment-là n'était certainement pas florissante: Il lui manquait de l'argent pour l'achat et de surcroît le gouvernement ottoman s'est montré hostile. Malgré tout, Frère Giuseppe Baldi a continué à mener avec prudence les négociations avec les Bédouins pour atteindre le but recherché. Tous les yeux étaient tournés vers les frères. 

Le 17 août 1890, tandis que l’affaire allait être conclue, arriva soudainement un télégramme du Cadastre de Beyrouth, qui ordonnait la suspension des négociations. Il voulait connaître le nom des vendeurs et le contenu du sol, à savoir les "antiquités de valeur" qui y gisaient. Ce télégramme se révéla finalement plus utile qu'il n'y paraît. Il eut l'avantage en effet de rendre plus transparentes les opérations d'achat en mettant la Custodie dans une position claire devant le gouvernement ottoman. Frère Giuseppe Baldi intensifia ses efforts à la fois auprès des vendeurs et aussi auprès des autorités de Safed, d’Acre et de Beyrouth. 

Les nombreuses lettres échangées entre le Frère Giuseppe et la Custodie montrent l'enthousiasme de ces moments: Le 1er octobre 1890, Frère Giuseppe écrivit au Père Custode que le 27 septembre il recevait de Tibériade les 206 titres de propriété et que tout était en ordre. La Custodie était devenue propriétaire de Capharnaüm! 
Mais ce n'était pas le dernier mot. Les bédouins, espérant encore récolter de l’argent de la vente, avant que les négociations furent définitivement conclues, tentèrent de dissimuler un peu de terrain. Pour contrecarrer l'action, les Franciscains érigèrent immédiatement un mur autour de la propriété et construisirent un refuge pour protéger les ruines, qui pendant ce temps continuaient d’être la proie des pillards. Mais la victoire n'était pas encore acquise. Malgré l'opération juridique qui avait eu lieu entre les Bédouins de Samakieh par un avocat nommé Babur, et par M. Bauab agissant au nom de la Custodie, les revendications des vendeurs continuaient, trouvant une forte opposition de la part de Frère Giuseppe. 

Dans la seconde moitié de décembre, un changement inopportun eut lieu. Le gouverneur de Safed qui avait favorisé la Custodie fut remplacé par Musa Effendi, le fils du chef de la municipalité de Jérusalem. Cela a incité le procureur des Bédouins à présenter une accusation de fraude au gouvernement de M. Bauad qui a fait l'acquisition sur une base non-officielle pour le logement, car les lois ottomanes ne permettaient pas l'achat direct de terres par des étrangers. Cela a ouvert une période de turbulences: certaines personnes bien payés par la Custodie pour accommoder l’affaire ont compliqué ultérieurement l’histoire en révélant ouvertement que la terre et les ruines avaient été acheté par la Custodie. À ce stade, entra en scène un prêtre du Patriarcat latin de Jérusalem qui, grâce à son amitié avec le secrétaire du Pacha d'Acre, a intercédé pour aider le Frère Giuseppe Baldi. 

Même les Juifs, voyant que l'achat était désormais entre les mains de la Custodie ont tenté, en vain, de favoriser leur position auprès du gouvernement. Puis au mois de juillet est arrivée l'injonction de Beyrouth d’arrêter la construction du refuge, et ont alors recommencé les escroqueries, les descentes sur le lieu, beaucoup de dépenses et mille complications. La Custodie a essayé plusieurs médiations avec le gouvernement, d'abord par le Secrétaire du Pacha puis grâce au délégué apostolique pour la Syrie, Mgr Gaudenzio Bonfigli. Alors que l'affaire semblait tourner à bon escient, le Patriarche grec orthodoxe de Constantinople a réclamé le terrain de Capharnaüm, déclarant que la propriété en question était aux Grecs, qu’il y avait aussi une église et que le terrain avait été volé par un derviche Agha. La pagaille causée s’est détendue après un examen minutieux de l'affaire par le pacha d'Acre, qui a déclaré que ces terrains n’avaient jamais appartenu aux Grecs. 

Les différentes positions du gouvernement ottoman, relayées dans les bureaux successifs entre 1892 et 1894, ont laissé dans l’incertitude de façon perpétuelle le cas de Capharnaüm, qui pendant longtemps a été à la merci d'autres personnes ayant l'intention de résoudre le problème par l’intermédiaire d’intrigues. Frère Giuseppe Baldi, après avoir travaillé si dur, s’est éclipsé de la scène. 

Enfin, après huit années de négociations et mille obstacles, le 19 septembre 1894 "l'affaire de Capharnaüm" a pris fin et tous les titres de propriété, à l'époque appelée "Cushan", sont passés au nom de la Custodie de Terre Sainte.

Les fouilles à Capharnaüm

Les ruines antiques de Talhum sur les rives du lac de Tibériade ont été étudiées en 1838 par l’américain Edward Robinson (1794-1863), attiré par l'archéologie biblique naissante d'inspiration protestante. Le savant de la Palestine a identifié les restes de la monumentale synagogue sans y associer les ruines de la Capharnaüm évangélique.

En 1866, un autre archéologue voyageur, l'Anglais Charles William Wilson (1836-1905) a exploité une petite excavation à l'intérieur de la synagogue qui n'a pas donné beaucoup d’indices sur la disposition exacte de l’édifice. L'archéologue a été le premier à proposer d'identifier le village de Talhum avec celui de Capharnaüm.

La première exploration archéologique à Capharnaüm, après que la Custodie de Terre Sainte en achète les ruines en 1894, a été faite par la société allemande Deutsche Orient-Gesellschaft dans la zone de la synagogue et a été dirigée par les professeurs H.Kohl (1877-1914) et C.Watzinger (1877-1948 ). Les deux archéologues sont les deux plus grands experts en synagogue du Proche-Orient.

Le monument n'avait pas été pleinement exploré en 1905 et la Custodie a donc repris immédiatement après les fouilles. Elle en a confié la direction à frère Wendelin von Menden (1851-1921), qui non seulement a complété les fouilles de la synagogue, mais a étendu les recherches à toute la zone ouest de la synagogue dans les années qui ont suivi.

Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale les fouilles ont été suspendues et ne furent reprises qu’en 1921 et en 1926 par le P.Gaudenzio Orfali ofm (1889-1926). Il a découvert les ruines de la basilique byzantine et les bâtiments de cette même époque compris entre l’octogone et la synagogue. Le P.Orfali eut le grand mérite de publier une monographie sur les fouilles de la synagogue et sur les découvertes faites en 1921. Puis avec la mort prématurée du P. Orfali, toute exploration systématique à Capharnaüm a été suspendue.

En 1968, après quasiment cinquante ans, la Custodie de Terre Sainte a repris l’exploration des ruines de Capharnaüm et en même temps celles de l'église de la Primauté de Pierre à Tabgha. Les fouilles ont été confiées au P.Virgilio Corbo, ofm (1918-1991), accompagné de son jeune collègue le P. Stanislas Loffeda ofm. De 1968 à 1986 le P. Corbo, avec le P. Loffreda, a bien dirigé dix-neuf compagnes de fouilles. Et de 2000 à 2003 quatre autres campagnes furent guidées par le P. Loffeda assisté par une équipe d'archéologues du Studium Biblicum Franciscanum.

P. Virgilio Corbo et P. Stanislao Loffreda

Deux archéologues à la porte de la Maison de Pierre

En 1968, après 42 ans, le chantier de Capharnaüm a été réouvert sous la direction de P. Virgilio Corbo, ofm, précisément le 16 avril, pour le centenaire de Saint-Pierre. 
Le P. Corbo, fort de l'expérience à peine terminée de la forteresse de l'Hérodion, dirigea les recherches sur l'église octogonale de la période byzantine qui a été mise en évidence en 1921 par le P. Gaudenzio Orfali et en 1925 par le P. Antonio Gassi qui en découvrit l'abside. 
Les mosaïques ont été retirées de leur lieu d'origine afin de mieux les protéger. Ce qui a permis d'approfondir une excavation en-dessous des structures byzantines. Environ une semaine après le début des travaux, le P. Corbo, avec le P. Stanislao Loffreda, le P. Bellarmino Bagatti et le P. Godfrey Kloetzly, avait entre ses mains une grande quantité de plâtres peints conservant de nombreux graffiti et qui appartenaient à des murs de la précédente domus ecclesia. Certains graffiti contiennent des symboles chrétiens et des invocations au Christ gravés par les fidèles et les pèlerins, signe d'une antique vénération du lieu. Les fouilles ont aussi continué dans les espaces clos par les murs d'enceinte de l'église byzantine. Les résultats ont permis de préciser qu'une série de murs et de sols plus anciens se sont succédés de la période romaine tardive à l'antiquité romaine.

A partir de la seconde campagne de fouilles, le P. Stanislao Loffreda ofm rejoint d'une façon stable son compagnon et collègue Virgilio. Compte-tenu des résultats obtenus, le 30 octobre, le P. Loffreda fut autorisé à ouvrir une petite tranchée en dessous du sol de la domus ecclesia du IVème siècle. Les archéologues voulaient comprendre quelle était l'ancienneté de la maison retrouvée. La conservation en dessous du sol d'une série de couches avec des céramiques plus anciennes les convainc d'ouvrir une plus grande excavation. Une marmite entière et jamais utilisée, des lampes à huile de l'époque hérodienne, des fragments de plâtres colorés et une succession de revêtements de sols différents les amenèrent à la conclusion qu’une salle spéciale de l'habitation avait été agrandie et embellie un demi-siècle après la résurrection de Jésus. Une salle consacrée aux réunions des premiers judéo-chrétiens dans laquelle on commémorait la présence de Jésus dans la maison de Pierre, lieu où les Évangiles situent de nombreux miracles. 

Les nouvelles de ces exceptionnelles découvertes se propagèrent dans les chroniques et trouvèrent échos non seulement à l'intérieur des milieux universitaires, mais firent de Capharnaüm l'un des lieux de pèlerinage les plus importants de la Terre Sainte.


De 1968 à 1986 le P. Corbo a dirigé dix-neuf campagnes qui lui ont permises d'atteindre quatre résultats principaux:

  • retracer l'histoire de Capharnaüm de la période du Bronze moyen à la période Arabe
  • préciser la datation de la célèbre synagogue au IV-Vème siècle (des études récentes ont déplacé la date à la fin du Vème siècle)
  • découvrir sous la monumentale synagogue, des traces de la synagogue du temps de Jésuss
  • mettre à jour les vestiges de la Maison de Pierre transformée en lieu de culte domestique.

En même temps que l'activité des fouilles, le P. Corbo a supervisé la restauration des ruines de Capharnaüm et l'arrangement de toute la zone pour les rendre visibles aux pèlerins et aux touristes, grâce aux éléments architecturaux de la synagogue et à d'autres pièces archéologiques.
Enfin, il a vu réaliser son grand désir de faire revivre un lieu de culte sur la "Domus Petri", avec la construction du nouveau mémorial, inauguré le 19 juin 1990, et pour lequel il a suivi de près chaque étape de la réalisation. Le P. Corbo mourut l'année suivante, et a été enterré à Capharnaüm à côté de la maison vénérée, comme il l'avait fortement désiré.

Depuis l'an 2000, quatre autres campagnes de fouilles ont été dirigées par le P. Stanislao Loffreda.Elles ont concerné les phases arabes et byzantines de la zone résidentielle située à l'est de la Maison de Pierre et de la Synagogue. Pendant ces dix dernières années, en plus des fouilles, le P. Loffreda a suivi la publication de nouveaux volumes de la série "Capharnaüm".

Série de livres: "Capharnaüm" vol. I-IX

L'une des vertus principales de l’activité du savant P. Virgilio Corbo fut l’attention constante à la divulgation des données, fournissant à la fois une synthèse vulgarisée publiée dans la revue "Terre Sainte" et des essais scientifiques contenus dans le «Liber Annus". En tout particulièrement la série "Capharnaüm" écrite par le P. Loffreda en neuf volumes, qui, en plus de la signature du P. Corbo pour Capharnaüm Iconsacré aux bâtiments de la ville, porte les signatures du : 

P. Augusto Spijkerman ofm (1920-1973), numismatique, à la tête du musée de la SBF. Depuis 1968 il travaillait avec Corbo et Loffreda à l’identification des monnaies qui ont été retrouvées à Capharnaüm. Son volume sur les monnaies de la ville, Capharnaüm III, a été imprimé en 1970. Le savant a répertorié les monnaies récupérées dans la première campagne de fouille et dans certaines tranchées de la synagogue. 

P. Emmanuel Testa ofm (1923-2011) à qui a été confiée, dans Capharnaüm IV, l'étude des graffiti de la maison de Pierre. Le savant, qui a toujours montré un grand intérêt sur les problématiques des origines chrétiennes, a analysé les 454 fragments de plâtre de la domus ecclesia du IVème siècle proposant une lecture des peintures murales et des graffiti sculptés par d’anciens pèlerins.

Entre 2000 et 2003 les dernières campagnes de fouilles dirigées par le P. Stanislas Loffreda ofm ont été achevées. Elles étaient concentrées sur la zone résidentielle à l’est de la Maison de Pierre et de la Synagogue. Les résultats de ces campagnes ont été présentés par le P. Loffreda dans le volume Capharnaüm V. Ce volume, une collection de documents photographiques des fouilles, permet d’embraser l'ensemble de l’évolution des études archéologiques faites à Capharnaüm et d'apprécier les efforts scientifiques inlassables avec lesquels les fouilles ont toujours été menées.

Les quarante autres années d'études sur la céramique et les objets de Capharnaüm qui ont été confiés à partir de 1968 au P. Stanislas Loffreda ofm, ont été recueillies en quatre volumes. Après la première étude sur la céramique publiée dans Capharnaüm IV en 1974, le P. Loffreda a poursuivi avec trois autres volumes: Capharnaüm VI, Capharnaüm VII, Capharnaüm VIII de manière à présenter au public une œuvre exhaustive de documentation aussi bien graphique que contextuelle et typologique, concernant les différents répertoires surtout les céramiques. Grâce à ses études, il a été possible de dater les différentes phases de la vie du village avec plus de certitude et de recueillir un «corpus» complet de la poterie en usage sur la rive nord du lac de Tibériade. 

En 2007, le volume Capharnaüm IX signé par Bruno Callegher a été publié, dédié aux monnaies de la zone résidentielle de Capharnaüm retrouvées entre 1968 et 2003. Avec les études présentées dans "Liber Annus" Callegher a publié un bon nombre de découvertes monétaires sur Capharnaüm, aussi bien de monnaies uniques que de réserve. Ses études permettent de mieux définir le cadre chronologique du développement de Capharnaüm et de son contexte particulier, et de mettre sur table une série de nouvelles problématiques qui vont, par exemple, des commerces de la région à la vitalité du site au fil du temps.

  • CORBO V., Cafarnao I. Gli Edifici della città, Jerusalem 1975.
  • LOFFREDA S., Cafarnao II. La Ceramica, Jerusalem 1974.
  • SPIJKERMAN A., Cafarnao III. Catalogo delle monete della città, Jerusalem 1975.
  • TESTA E., Cafarnao IV. I graffiti della Casa di San Pietro, Jerusalem 1972.
  • LOFFREDA S., Cafarnao V. Documentazione fotografica degli scavi (1968-2003), Jerusalem 2005.
  • LOFFREDA S., Cafarnao VI. Tipologie e contesti stratigrafici della ceramica (1968-2003), Jerusalem 2008.
  • LOFFREDA S., Cafarnao VII. Documentazione grafica della ceramica (1968-2003), Jerusalem 2008.
  • LOFFREDA S., Cafarnao VIII. Documentazione fotografica degli oggetti (1968-2003), Jerusalem 2008.
  • CALLEGHER B., Cafarnao IX. Monete dell'area urbana di Cafarnao (1968-2003), Jerusalem 2007.


Les publications de Capharnaüm appartiennent à la "Collectio Major" et se trouvent sur le site des Edizioni Terra Santa et de Brepols Publishers

 

La synagogue

Parmi les nombreux événements de la vie publique de Jésus à Capharnaüm, les évangélistes ont parlé de la synagogue du village comme le lieu où le Maître enseignait le jour du sabbat et guérissait les possédés et les paralytiques (enseignements: Mc 1,21-22 , Mt 7,28, Lc 4, 31-32, Jn 6, 22-33.48-59; Guérisons: Mc 1,23 Lc 4,33-37). 

Les Evangiles contiennent des détails importants sur la synagogue fréquentée par Jésus ; un Centurion romain à la tête d'un détachement de soldats (Mt 8,5 ss, Jn 4,46, Mt 8,5ss) aurait fait construire la synagogue (Luc 7,5), officiée par l’archisynagogue Jaïre (cf. Mc 5,21-24.34-43; Mt 9,18-

La synagogue parvenue jusqu'à nous est celle construite au Ve siècle ap JC, comme les fouilles archéologiques de ces quarante dernières années l’ont démontrées. Les plus de 20.000 pièces de monnaie recueillies jusqu'à présent, sans doute offertes dans le temps par les fidèles comme des ex-voto, et qui ont été trouvées sous le sol de la synagogue, ont permis, avec la céramique, de dater la fin de la construction de la synagogue au dernier quart du Ve siècle.

Élevée sur une plate-forme artificielle, la synagogue construite à Capharnaüm au Ve siècle est la synagogue la plus élégante jusqu’ici jamais découverte en Galilée. En contraste avec la pierre de basalte noir locale avec laquelle était construit l’habitat, la synagogue, en partie reconstruite par les archéologues franciscains récupérant des blocs architecturaux autour du site, a été construite avec de la pierre de calcaire blanche et avec des décorations de style romains tardifs.

Des segments de la grande arche et du tympan qui initialement couronnaient la façade de la salle de prière ont été reconstruit sur un lieu derrière la synagogue. Les linteaux sculptés qui décoraient les accès à la synagogue et à la cours ont été, au contraire, remis in situ.

La salle de prière est rectangulaire (23x17, 28 m) et pavée de dalles de calcaire blanc. Elle est divisée par une grande nef centrale entourée sur trois côtés par seize colonnes rythmées au dessus d’un stylobate bas qui entoure la pièce. Les piédestaux soutiennent les colonnes lisses en calcaire avec des bases attiques, surmontées de chapiteaux de style corinthiens. Selon la reconstruction du P. Orfali et de Watzinger, la colonnade soutenait une architrave sur laquelle reposait les colonnes de la partie supérieure, terminée par une frise et par une corniche richement décorée. Les deux escaliers extérieurs derrière la salle, dont certains sont encore préservés, servaient alors d’accès à la galerie supérieure, le balcon.

Un chapiteau, aujourd’hui conservé dans l'exposition le long du parc, offre des sculptures représentant trois objets liturgiques juifs: une menorah, le chandelier à sept branches, un shofar, la corne à sonner pour les fonctions religieuses et une mahta, l’encensoir.

Les colonnes couplées avec des piédestaux, placées aux deux angles nord, sont réalisées en forme de cœur et se retrouvent dans différents lieux du Moyen-Orient.
Sur les deux colonnes centrales à l'entrée principale, deux inscriptions ont été placées: celle de droite est en grec, commandée par deux membres de la communauté qui ont travaillé à la construction de la synagogue et se lit ainsi: Hérode (le fils) de Monimos et Giusto (son) fils avec leurs enfants ont érigé cette colonne.
Sur la colonne de gauche l’inscription a été ordonnée par le Département des Antiquités en pieux souvenir du Père Gaudenzio Orfali qui a travaillé sur la synagogue en 1926 et en avait commencé la reconstruction.
Une autre inscription en araméen a été trouvée dans les alentours et appartient à la synagogue. L'inscription se lit ainsi: Alphée, fils de Zébédée, fils de Jean, fit cette colonne. Que ce soit pour lui une bénédiction.

Deux rangées de bancs de pierre sont adossées le long des murs à l’est et à l’ouest de la salle: ce devaient être les sièges où s’asseyaient les hommes de la communauté pour les fonctions religieuses, tandis que les femmes montaient à la galerie.
Les rouleaux de la loi , la Torah, qui étaient lus pendant les réunions religieuses, étaient conservés dans une armoire, la Aran Ha Kodesh, située au sud, sur le mur principal, face à Jérusalem. À cette fin, on trouva des traces de deux niches sur chaque côté de l'entrée principale, qui ont ensuite été remplacées par une structure plus élégante qui occupait toute la largeur de la nef centrale.

La terrasse

Située le long du flanc ouest de la rue principale, la synagogue est orientée au sud, vers Jérusalem, comme le prévoyait la liturgie juive. Deux rampes d’escaliers de chaque côté de la plate-forme conduisent au balcon donnant sur la façade. 
Trois entrées donnent accès à la salle de prière, suivies de deux autres qui conduisent au portique est. 
Une série de pilastres distant de 10 pieds romains l’un de l’autre (un peu moins de 3 mètres), décorent et scandent les murs extérieurs du bâtiment.

Le coté oriental 

Entre le coté oriental de la synagogue et la rue, un espace ouvert est construit ainsi qu’un portique sur trois côtés: la cour. Edifié dans un second temps, l’espace communiquait avec l’extérieur en traversant trois portes au nord et deux au sud et quelques fenêtres qui donnaient sur la rue. 
Deux petits escaliers reliés à la rue permettaient de rejoindre la cour, l’un à l’arrière et l’autre sur le devant. Ce dernier montait sur le balcon. Les colonnes qui décoraient le portique étaient de style ionique
On suppose que les espaces représentaient l'école de la synagogue, la beth Midrash, où les scribes et les rabbins enseignaient pour préparer les jeunes à apprendre la Thorah.

Les décorations de la synagogue

L'extérieur et l'intérieur de la synagogue étaient ornés d’une décoration architecturale riche et complexe. De même que les murs intérieurs devaient être habillés avec des stucs en plâtre de couleur d’une excellente exécution, les nombreux blocs sculptés retrouvés sur le site nous donne l’image d'une synagogue richement décorée avec une variété de symboles du répertoire religieux juif et de la tradition romaine et païenne supposant une communauté juive très libérale concernant l'utilisation des images.

L’énumération systématique de tous les blocs architecturaux de la synagogue ont permis d'identifier ceux qui pourront être réutilisés pour relever les murs: les travaux de restauration avaient commencé en janvier de l’année 1976 et ont duré longtemps, surtout pendant les mois d'hiver lorsque l'afflux de pèlerins dans Capharnaüm diminuait.
Depuis 1983, les blocs sculptés non relocalisés in situ ont été soigneusement placés le long du chemin pour la visite du parc archéologique, particulièrement à côté de la synagogue et de la porte en direction de la maison de Pierre.

La reconstruction de la partie supérieure de la façade reste encore incertaine, due à l’hypothèse de la présence ou non d’une galerie. La porte centrale était certainement surmontée d'un arc sur lequel est représentée, dans la clé de voute, une coquille au centre d’une guirlande en nœud de Savoie soutenue par des aigles.

Les corniches qui devaient embellir l'intérieur et l'extérieur de la synagogue sont richement décorées avec des dentelles, des olives et des feuilles d'acanthe.
De nombreux motifs de symboles juifs, encerclés dans des médaillons végétaux sont sculptés sur la corniche: l’étoile à cinq et à six branches, le sceau de Salomon, communément appelé l'étoile de David, les fruits comme les grenades et le raisin, qui sont dans la Bible parmi les sept produits agricoles de la Terre promise, des petites roses et encore d'autres fruitts dont des dates.

 

Un bloc présente un petit temple sculpté transporté sur un char. Il s’agit de la représentation antique de l'arche de l'Alliance contenant les tables de la loi données à Moïse par Dieu sur le mont Horeb, et qui ont été transportées sur un chariot avant de trouver leur place dans la cellule du temple de Salomon à Jérusalem.

La richesse et l'élégance de la synagogue se perçoit dans le soin des détails comme dans l'importance de la décoration utilisée pour la fenêtre qui devait être posée sur la façade au centre de l’arche supérieure: deux colonnes torsadées avec des chapiteaux à feuillages soutiennent un tympan avec au centre une coquille, motif décoratif récurrent dans les synagogues, deux sarments de végetaux poussant sur les côtés du tympan et l’entourant.
Des palmiers à dattes qui symbolisent la Judée décorent les étagères des corniches. Les symboles de la tradition romaine et païenne sont aussi bien représentés, comme les aigles, le laurier, les lions et les griffons.
Presque tous les motifs figuratifs de la synagogue furent systématiquement ciselés en laissant intactes seulement les éléments géométrico-floraux. On peut présumer qu’un soulèvement d’un courant iconoclaste a du affecter la communauté juive de Capharnaüm après la construction de la synagogue de Capharnaüm.

La synagogue antique

Entre 1969 et 1974, le travail des archéologues V. Corbo et S. Loffreda s’est concentré sur les murs et sur le dallage de la monumentale synagogue byzantine en pierres blanches.

Dans les tranchées des fouilles effectuées dans les ailes de la salle de prière sous le balcon et dans le portique oriental, apparaissent les restes de l’habitat qui a été détruit pour faire place à la synagogue qui n’a pas été construite sur des terrains libres. Ces vestiges comprennent des sols en pierre, des murs de basalte, des portes, des escaliers, des conduits d'eau et des foyers domestiques.
Par ailleurs, sous la grande nef centrale un grand plancher de pierres de basalte du premier siècle ap. JC a été trouvé. Par sa taille, il devait avoir appartenu à un édifice public, peut-être cette même synagogue voulue par le Centurion Romain, ce qui explique l'utilisation constante de ce même lieu pour culte.

Des murs massifs en basalte réalisés avec des segments carrés et bien finis ont en revanche été utilisés comme fondation de la synagogue en pierre blanche. Les murs soutiennent les périmètres de la salle de prière et, de manière plus discontinue, le stylobate intérieur de la salle de prière. Les archéologues franciscains Corbo et Loffreda étaient d'accord pour conclure que ces murs appartenaient à des restes d'une synagogue antérieure au Ve siècle.
Les murs de cette synagogue en basalte noir sont encore visibles aujourd’hui le long du périmètre extérieur de la synagogue et montre un alignement différent à l'égard de la synagogue de calcaire blanc, particulièrement sensible à l'angle sud-ouest de l'édifice.

Reste en débat la datation de cette synagogue qui, si pour le P. Corbo est considérée comme faisant partie du même bâtiment du premier siècle, dans lequel a été trouvé le sol pavé de basalte sous la nef centrale, pour le P. Loffreda elle est plutôt à placer dans une étape intermédiaire entre la synagogue du premier siècle et celle de la fin du Ve siècle.

La maison de Pierre

Donnant sur la plage du lac, la maison formait la pointe sud-est d'un grand quartier habité. La porte principale du complexe donnait sur le coté est, en face d'un espace ouvert (voir «la ville entière était rassemblée devant la porte" Mc 1,32 à 34, de 8,16 à 17 Mt, Lc 4,40 à 41). Le montant de porte conserve les traces des battants qu’on fermait de l'intérieur quand on se retirait le soir pour la nuit. 

La maison devait accueillir plusieurs familles d'un même clan ou de la même parenté (Pierre, André son frère, la belle-mère de Pierre) qui vivaient dans des endroits séparés mais ouverts sur des cours communes.
Une fois passée la porte d’entrée, on arrivait dans la première cour du nord-ouest, recouverte au sol de graviers et de terre battue, dans laquelle plusieurs pièces se faisaient face. Certaines pièces étaient utilisées pour stocker la nourriture, d'autres pour étaler des nattes pour dormir la nuit et effectuer des petites tâches quotidiennes. Au sud, se trouvait une deuxième cour. On passait la majeure partie de la journée dans les cours qui devaient être ombragées par des auvents et communiquer entre elles par des passages ouverts dans les pièces. Dans les cours on a trouvé un four en argile réfractaire pour la cuisson du pain et il n'est pas difficile d'imaginer la vie quotidienne composée de femmes qui bavardaient tout en faisant les travaux pour la maison, d’enfants qui jouaient, d’hommes qui se reposaient après la pêche de la nuit.

Des indications crédibles existent selon lesquelles une partie spécifique de la maison, sur laquelle toutes les transformations ultérieures ont été concentrées, était habitée par la famille de Pierre, où Jésus a été accueilli et hébergé.

Des morceaux de murs et de pavements superposés en basalte et terre battue de cette salle ont été préservés. Des fragments de poterie servant à l'usage commun, en particulier des amphores, des pots et des bols suggèrent que ce serait la salle où avaient lieu les activités quotidiennes, communes aux autres parties de la maison.

La maison de Pierre : premières transformations

Après la résurrection de Jésus, une petite communauté judéo-chrétienne commença à se rassembler à coté de la chambre où avait vécu le Maître. Vers la fin du premier siècle ap. JC une pièce en particulier était réservée pour les réunions de l’église naissante.

La salle, sans doute rapidement remplie, a commencé à faire l'objet de soins spéciaux et d’améliorations: on construisit une domus ecclesia, salle dédiée aux assemblées des premiers chrétiens, qui a des équivalents dans d'autres lieux où se propageait aussi le message des apôtres.

Dans cette salle, située à côté de l'entrée principale de l’îlot, une variété de plans pavés réalisés à la chaux ont été successivement reconstruits, jusqu’à six fois en certains endroits. Même les murs intérieurs ont été plâtrés et peints et, avec l'arrivée des pèlerins, commença aussi la coutume de marquer le plâtre avec des écritures et des graffitis.

L'absence totale de fragments de céramique de cuisine sur la chaux, qu’on trouve en revanche sur des sols plus anciens, constitue également un indice de changement d'utilisation de la salle. Les seuls fragments de poterie retrouvés pour cette période sont ceux de lampes à huile, qui servaient à éclairer la pièce pendant les assemblées. Certaines lampes à huile de type hérodienne ont été intégralement cachées dans les murs intérieurs. Les autres pièces ont continué à être utilisées comme logement et comme des lieux pour partager le repas et les autres activités quotidiennes.

Domus ecclesia: l’agencement du IVe siècle

Après la deuxième moitié du quatrième siècle une transformation majeure de toute la zone s’opère; la salle vénérée devint le centre d’un complexe religieux plus vaste et organisé.

Grâce à un nouvel atrium construit sur le côté ouest de la pièce et pavé à la chaux blanche les fidèles pouvaient accéder au lieu vénéré, repavé avec un enduit polychrome, et divisé en deux par une grande arche médiane qui soutenait le nouveau toit de la terrasse. Une nouvelle décoration picturale recouvrit les murs de la salle: sur un fond homogène de couleur blanc crème des sujets aniconiques furent peints comme des panneaux géométriques, des bandes de couleurs et des ramages avec des fruits et des fleurs.

Les chrétiens qui arrivèrent à Capharnaüm commencèrent à laisser les traces de leur passage en gravant sur les murs de la salle le nom ou le monogramme de Jésus et quelques invocations liturgiques. Les pèlerins venaient de loin: beaucoup de graffitis sont en grec mais aussi en syriaque, en araméen et en latin.
Parmi ces pèlerins on retrouve aussi la célèbre Egérie, qui, vers 380 après JC décrit la même maison du "Prince des Apôtres" (Pierre) transformée en église.
La découverte des fragments de crépis peints et de graffitis à l'intérieur de la pièce vénérée fut exceptionnelle puisqu’ils ont été réutilisés pour relever le plancher du sol de l’église suivante. 

L'agencement de l’espace s'est terminé par la construction d'un mur massif de protection des structuresqui l’isola de la zone urbaine, et qui a impliqué aussi la démolition de certaines embrasures. L'accès à toute la zone sacrée se faisait par le nord et par une nouvelle artère. 
Sur les deux côtés du nouvel atrium donnant accès à la salle de prière un espace ouvert recouvert de gravier et de chaux a été construit, avec un sol solide pour la circulation des piétons. Deux pièces adossées au nord de la salle vénérée servaient probablement à entreposer les accessoires liturgiques et les offrandes des fidèles. Les vestiges découverts dans les autres pièces de l’îlot indiquent qu’elles ont été utilisées de manière permanente.

L’église octogonale de la fin du Ve siècle

La transformation de la zone sacrée en église monumentale se fit lorsque juste au-dessus de la pièce vénérée, à l'époque byzantine, une église octogonale a été construite, Une nouvelle forme architecturale utilisée pour les sites sacrés liés aux souvenirs chrétiens les plus importants de la Terre Sainte.

Toutes les habitations contenues à l'intérieur de l’enceinte furent démolies et enterrées pour faire place àl’édification prévue de l’église octogonale avec un portique ouvert sur cinq côtés. Une série de pièces annexes ont été construites, adossées au mur est de l’enclos.

Si la négligence au fil du temps qui transforma le village en ruine a profondément marqué l'église de Saint-Pierre en laissant que peu de restes, sa forme architecturale recherchée et ses mosaïques élégantes et raffinées témoignent de la splendeur de son origine.

Appartenant à l'enceinte sacrée, l’accès à l’église se faisait par un portique ouvert qui entourait cinq côtés de l'église octogonale. Du portique, on pouvait aussi accéder aux pièces sur les cotés, les dépendances les plus proches au lieu de culte. Le portique, couvert d’un toit, était décoré d'une mosaïque de tessères noires et blanches qui dessinait un motif de cercles avec un bouton central.
On entrait dans l’église par la porte principale située à l’ouest et par les cotés. L’église se composait d'un octogone plus grand avec un déambulatoire et un cercle autour de l'octogone central. Il était probablement illuminé par une série de fenêtres et recouvert d'un toit en pente. Les quelques vestiges du sol en mosaïque représentaient des motifs floraux et des branches de végétaux composés avec des tessères colorés sur fond blanc qui devaient décrire un milieu naturel de type nilotique.

L'octogone central de l'église a été construit juste au-dessus de la pièce vénérée, pavé d'une mosaïque très fine sur laquelle est représenté un paon faisant la roue avec des plumes aux couleurs d’un arc-en-ciel, symbole de résurrection et de vie éternelle. Le paon est placé au centre d'un cercle et entouré de fleurs contenues dans des demi-cercles qui se superposent. La mosaïque est encadrée par un motif de fleurs de lotus rouge et bleu. L'octogone central, avec un haut plafond à poutre, devait recevoir de la lumière des fenêtres et des grands lustres en bronze suspendus au plafond. On peut aussi supposer que les murs en crépis étaient régulièrement peints. On n’a pas conservé de traces d'un autel stable en pierre mais il est possible que la table liturgique était de type mobile.

L'augmentation des fidèles a rapidement nécessité la réalisation d’un baptistère. Le site choisi fut sur le côté est, relié à deux nouvelles pièces à base triangulaire, le pastophoria, qui sont devenus des annexes nécessaires pour le déroulement du rite. Une brèche dans le mur d’enceinte a été réalisée pour construire une abside en saillie dans laquelle se trouve la vasque pour le rite du baptême par immersion.

Mémorial de Saint Pierre

La nécessité de construire le Mémorial de Saint-Pierre est né du désir de promouvoir la reprise du culte en continue, comme il l’était pendant les premiers siècles après Jésus-Christ. Ce projet prend également en compte la nécessité de préserver et valoriser le Lieu Saint, qui conserve la mémoire de la maison de l’apôtre ainsi que les lieux de prédication et d’action du Christ. L’édifice permet aux pèlerins et aux visiteurs de profiter des précieux restes de la maison de Pierre et de bénéficier des structures développées autour et en fonction de ce lieu pour célébrer des liturgies. 

Aujourd'hui, le pèlerin peut voir les vestiges archéologiques de la maison de Pierre et de ses constructions successives, soit par le bas, à travers une passerelle qui passe sous le Mémorial jusqu'à rejoindre l’édifice octogonal byzantin, soit par le haut, à travers un oculus carré qui, de l'intérieur du Mémorial, s’ouvre sur le site.

Le projet, conçu par l'architecte italien Ildo Avetta et construit à la fin des années 80, veut mettre en avant l'importance du lieu par une structure qui puisse évoquer la signification profonde du site archéologique, son histoire et surtout les événements de la vie de Jésus et de Pierre. Pour cette raison, le corps du monument est conçu comme un navire dont la coque plane sur la maison de l'Apôtre. Une image qui se réfère essentiellement à l'appel de l'apôtre Pierre, qui, de simple pêcheur, devient pêcheur d’hommes et chef de l'Eglise du Christ.
L'exécution du projet, très audacieux et ultra-moderne, a nécessité de longues et complexes études réalisées par l’ingénieur Cesare Pocci avec la collaboration du Technion (Israël Institute of Technology) à Haïfa, et a été confié à la société israélienne Solel Bonneh, sous le contrôle continue de l’ingénieur Anis Sruji de Nazareth.

Le 29 juin 1990, le Mémorial a été consacré par le cardinal Lourdusamy. Cette date est gravée sur la façade par les lettres latines suivantes: BEATO PETRO APOSTOLO A. D. MCMXC DICATUM (dédié au bienheureux apôtre Pierre en l'an 1990). Le Pape Jean Paul II avait envoyé un message spécial à cette occasion dont deux passages sont reproduits sur les parois intérieures de l'entrée.

Le Village

La vie du village de Capharnaüm s’est développée à partir du IIe siècle av. J.-C. La majorité des informations sur Capharnaüm où vécu Jésus, Pierre et les autres apôtres est contenue dans les Évangiles. Le village, construit sur les rives nord du lac de Galilée, devait se trouver non loin d'une artère de la Via Maris, l'ancienne route qui reliait l'Egypte à Damas, comme en témoigne la présence d'un poste de douane (Mt 9, 9, Mc 2.14, Lc 5:27) et la découverte d'une borne milliaire de l'empereur Hadrien (117-138 après J.-C.). A Capharnaüm, une centurie était stationnée (Matthieu 8,5 ss, Jn 4,46; Mt 8,5ss) et on y récupérait les taxes pour le temple (Mt 17, 24-27) et celles publiques pour le trésor romain (Mc 2 , 14). 

La vie des habitants était rythmée par le travail quotidien: la pêche était l'une des activités les plus rentables. Les frères André et Simon, ensuite appelé Pierre, et les fils de Zébédée, Jacques et Jean (Mt 4,18-22, Mc 1,16-20), " étaient des pêcheurs." Ils géraient une petite entreprise de pêche avec des barques de leur propriété et des assistants employés (Lc 5,1 à 11, Jn 21,1 à 11).
Les nombreux objets de la vie quotidienne tels que les broyeurs en basalte pour le grain (Mc 2,23; Mt 12,1, Lc 6,1) pour fouler les olives, ou pour presser le raisin, montrent certaines des activités qui depuis des siècles ont été effectuées quotidiennement par les habitants.
Les maisons, regroupées dans des quartiers délimités par les rues, étaient simples et construites avec des pierres locales de basalte, reliés avec de la boue, de la terre et avec un sol recouvert de cailloux en pierre (cf. la parabole de la femme qui a perdu sa pièce de monnaie Lc 15,8-10).
La vie se déroulait principalement à l'extérieur, le long de la plage, dans les rues et dans les cours privées. Plusieurs familles d’un même clan partageaient des espaces de la maison, composée de pièces donnant sur une cour ouverte ou le long d'un couloir (cf. la parabole de l'ami importun de Lc 11:1-13). Le toit de la terrasse était utilisé à différentes fins: pour dormir pendant les soirées chaudes, pour faire sécher les filets, pour sécher au soleil les poissons ou les fruits locaux, tels que les dattes de palmier. Il était construit avec des rondins et des feuilles mélangées à de la boue pressée (cf. l’épisode du paralytique qui a été descendu du toit Mc 2,3 -12, Lc 5,17-26).

Au nord, juste en dehors du village, la zone funéraire s’est développée. On y a retrouvé mausolée de l'époque impériale, avec cinq sarcophages en pierre et huit niches à kokhim (tombes à four).

Les fouilles montrent comment à partir du IVe siècle, le niveau de vie du village s’est amélioré: Les maisons sont construites ou réparées avec l'utilisation de bon mortier, tandis qu'une grande quantité de céramiques élégantes arrive des côtes de l'Afrique, de Chypre et de la Grèce. Les monnaies aussi, trouvées dans la zone urbaine appartiennent dans la plupart des cas à l'époque impériale (295-491 après JC) et à la période byzantine (491-648 après J.-C.). C’est justement à l'époque byzantine que va être réalisé l’édifice monumental de la synagogue et celui de l’église octogonale sur la maison de Pierre.

Avec le début de la période arabe (VIIe siècle) le village perd progressivement de son importance.Seules quelques maisons ont continué à être habitées, les murs effrités et les planchers surélevés ont été remplacés par des nouveaux. Les signes de la présence arabe viennent aussi de plusieurs graffitis avec des jeux laissés sur des pierres et dans les stylobates de la Synagogue, qui, avec l'islamisation croissante de la population, a perdu sa fonction de salle de prière. Au fil du temps, de nombreux bâtiments ont été abandonnés eux-mêmes et se sont écroulés, et les derniers pêcheurs restants ont aussi abandonné le village, au plus tard au XIVe siècle.

Le bord du lac

En continuant sur le chemin qui mène au Mémorial de Saint-Pierre, on arrive au bord du lac. Un beau panorama s'offre à partir de ce point de vue. Par temps clair, on peut voir jusqu'au plateau du Golan, qui descend vers le lac à 212 m en dessous du niveau de la mer Méditerranée.

Le petit village de Capharnaüm était situé sur la côte nord-ouest du lac de Tibériade. A trois kilomètres au sud se trouvent les sources d'eaux de Tabgha. C’est ici qu’a eu lieu la Multiplication des pains et des poissons (Jean 6: 1-15) et que Pierre a été investi de sa Primauté (Mt 16, 18). A 5 km plus au nord, le fleuve du Jourdain se jette dans les eaux douces du lac qu'il alimente.

Capharnaüm était un petit village de pêcheurs. Très probablement, le fruit de leur pêche était vendu dans les marchés des villes voisines: Magdala, d'où vient Marie-Madeleine, et Corazim située sur les collines au dessus de Capharnaüm. Ces deux dernières villes, avec Bethesda toute proche où Jésus guérit un aveugle (Marc 8 22-26), ont été maudites par Jésus pour leur non-conversion (Mt 11, 20-24, Lc 10, 12-16).

Plus au sud, sur la côte ouest, surgissait Tibériade, devenue la capitale de la région en l'an 20 ap. JC. Et sur la côte opposée, sur un promontoire, on pouvait voir les lumières de la grande ville de Susita, territoire de la Décapole. C'est dans cette ville, ou juste en dessous à Kursi, qu’est situé le récit évangélique de l'expulsion des démons. Entrés dans des porcs, ils se sont jetés dans un ravin donnant sur le lac (Mt 8, 28-34, Mc 5, 1-20 et Luc 8, 26 - 39).

Aujourd'hui la pêche dans le lac est interdite pour favoriser le repeuplement marin, mais pendant des siècles ce fut l'une des activités les plus lucratifs du lac. Le même appel de Simon Pierre et d'André à suivre Jésus a eu lieu sur ces rives de la «mer de Galilée » alors que les deux frères jetaient leurs filets pour la pêche (Mt 4, 19, Mc 1, 17).

Des vestiges du port de Capharnaüm ont été trouvés lors des fouilles des Franciscains. Aujourd'hui, la plage est un endroit calme, avec des structures d'accueil simples pour les pèlerins qui veulent s'y attarder pour prier.

Pérégrinations

Trois commémorations ont lieu chaque année au sanctuaire de Capernaum:

  • Fête de l'Annonciation de la Très Sainte Eucharistie, III vendredi de Pâques
  • Solennité de saint Pierre Apôtre, le 29 juin
  • Solennité de Capharnaüm, la ville de Jésus, II samedi d'octobre.

Le pèlerinage annuel à Capharnaüm "La ville de Jésus" a pour but de célébrer le souvenir des trois événements salvifiques organisés par notre Seigneur: après son baptême; après l'arrestation de Jean-Baptiste; avant son départ pour Jérusalem.

Essentiellement, les passages de l’Évangile concernant les activités de Jésus à Capernaüm peuvent être résumés en trois moments: Jésus qui prêche et enseigne l’Évangile du Royaume de Dieu; Jésus qui appelle les premiers apôtres; Jésus qui guérit de toutes les maladies et pardonne les péchés.

Les péricopes évangéliques de Capharnaüm sont particulièrement liées à la synagogue, à la maison de l'apôtre Pierre, à la rive du lac.

Dans nos célébrations, nous entendons rappeler et présenter au peuple de Dieu précisément ceci: la foi en l’Évangile, l’appel à suivre le Christ, la vie sacramentelle dans l’Église.
De plus, la solennité a lieu pendant la saison qui marque la fin du travail agricole; pour cette raison, nous souhaitons donc remercier Dieu pour le fruit de la dernière récolte annuelle.

Le lac et la ville de Jésus

L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 4, 12-17)

Ayant appris que Jean avait été livré, il se retira en Galilée et, laissant Nazara, vint s'établir à Capharnaüm, au bord de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephtali, pour que s'accomplît l'oracle d'Isaïe le prophète : 

Terre de Zabulon et terre de Nephtali, Route de la mer, Pays de Transjordane, Galilée des nations ! Le peuple qui demeurait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur ceux qui demeuraient dans la région sombre de la mort, une lumière s'est levée. Dès lors Jésus se mit à prêcher et à dire : 
"Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche."

Bible de Jérusalem

La zone entourant le lac de Tibériade peut être considérée aujourd'hui comme un sanctuaire unique car il représente la Terre où Jésus a vécu et s’est manifesté dans sa nature pleinement homme et Dieu. Il se dit que là où Jésus a posé un pied, là nait un sanctuaire.
La beauté de la région,  sa végétation luxuriante et son atmosphère "paradisiaque", permet au pèlerin d'entrer pleinement dans le récit de la vie de Jésus, qui s’est ici auto-révélé et donné en tant que maître, guérisseur et exorciste.
Jésus a parcouru ces endroits de nombreuses fois, il a marché à pied dans ces lieux, il y a fait des miracles et s’est vu régulièrement dans les eaux de ce lac.   Sa voix a résonné dans les criques du lac, pour proclamer la Parole de Dieu, et elle est restée comme gravée dans ce paysage merveilleux. Il est impressionnant de pouvoir reconnaitre ici la vie quotidienne et tranquille de notre Seigneur, dans ses activités journalières, dans son expérience de Dieu fait homme. Mais ici, ce qui est encore plus extraordinaire c’est qu’il s’est manifesté dans toute sa divinité, il nous a montré par son exemple la Charité, la Vérité, la Vie et le Chemin. Et en même temps il a exprimé sa puissance par des miracles et des guérisons. C’est en cela que nous pouvons dire que ce lac de Jésus témoigne de sa divinité et de son action salvatrice.
Bible de Jérusalem

«A Capharnaüm, la maison du prince des apôtres a été transformée en  église, ses murs sont encore aujourd'hui ce qu'ils ont été autrefois. Là, le Seigneur guérit le paralytique. Là est aussi la synagogue où le Seigneur a guéri le possédé " 
Pietro Dacono (XIIe s.) texte attribué à Egérie (IVe s). 


Capharnaüm, avec l'ensemble du lac, est un lieu de grâce particulier. C'est le village de Galilée le plus fréquenté par Jésus. Ici Jésus a choisi ses disciples et les a appelé à lui un par un, faisant d'eux des témoins, par sa vie et ses œuvres, de sa grandeur. Ici, dans la synagogue, Jésus a annoncé la sainte Eucharistie dans le discours du Pain de Vie.
Jésus a vécu ici sa vie quotidienne ; Il a décidé de vivre dans la maison de son disciple Pierre, où il a rencontré ses apôtres, où tous ceux qui voulaient recevoir sa grâce et guérir de leurs maux venaient le chercher. La maison de Pierre va ainsi devenir un nouveau lieu de rencontre avec la nouvelle communauté qui s'est formée autour de lui, après avoir été rejeté à deux reprises de la synagogue. Jésus retournera toujours à Capharnaüm après ses séjours en Galilée, ce qui montre combien il aimait vivre dans cette ville et il en a fait le centre de sa mission.

Ceux qui, de tous les coins du monde, viennent visiter ce lieu saint,  arrivant de pays lointains avec courage et humilité, reçoivent un don de joie et de sérénité, plongés dans un cadre naturel d’une grande beauté. Et le miracle peut se renouveler, dans l'esprit du pèlerin,  comme s’il appartenait à la multitude de ceux qui ont suivi et écouté Jésus.

Le Pain de vie

L’Évangile selon saint Jean (Gv 6,24-59)

Quand donc la foule vit que Jésus n'était pas là, ni ses disciples non plus, les gens s'embarquèrent et vinrent à Capharnaüm à la recherche de Jésus. L'ayant trouvé de l'autre côté de la mer, ils lui dirent : "Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? " Jésus leur répondit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et avez été rassasiés. Travaillez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l'homme, car c'est lui que le Père, Dieu, a marqué de son sceau." Ils lui dirent alors : "Que devons-nous faire pour travailler aux oeuvres de Dieu ? " Jésus leur répondit : "L'oeuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé." Ils lui dirent alors : "Quel signe fais-tu donc, pour qu'à sa vue nous te croyions ? Quelle oeuvre accomplis-tu ? Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Il leur a donné à manger du pain venu du ciel." Jésus leur répondit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, non, ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel ; mais c'est mon Père qui vous le donne, le pain qui vient du ciel, le vrai ; car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde." Ils lui dirent alors : "Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là." Jésus leur dit : "Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim ; qui croit en moi n'aura jamais soif. Mais je vous l'ai dit : vous me voyez et vous ne croyez pas. Tout ce que me donne le Père viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors ; car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Or c'est la volonté de celui qui m'a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour." Les Juifs alors se mirent à murmurer à son sujet, parce qu'il avait dit : "Je suis le pain descendu du ciel." Ils disaient : "Celui-là n'est-il pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : Je suis descendu du ciel ? " Jésus leur répondit : "Ne murmurez pas entre vous. Nul ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés par Dieu. Quiconque s'est mis à l'écoute du Père et à son école vient à moi. Non que personne ait vu le Père, sinon celui qui vient d'auprès de Dieu : celui-là a vu le Père. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle. Je suis le pain de vie. Vos pères, dans le désert, ont mangé la manne et sont morts ; ce pain est celui qui descend du ciel pour qu'on le mange et ne meure pas. Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde." Les Juifs alors se mirent à discuter fort entre eux ; ils disaient : "Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? " Alors Jésus leur dit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Voici le pain descendu du ciel ; il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères et ils sont morts ; qui mange ce pain vivra à jamais." Tel fut l'enseignement qu'il donna dans une synagogue à Capharnaüm.

La nourriture qui se perd, et celle qui donne la vie éternelle

Dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus enseigne, dans la foi en Lui qui a été envoyé par le Père, l’œuvre que Dieu désire pour chaque homme. Mais la foule de Galilée considère ses miracles insuffisants pour affirmer sa foi. Elle attend un miracle semblable, sinon supérieur, à la manne que Moïse a fait descendre du ciel.
Non, rectifie Jésus. Ce n’est pas Moïse, mais Dieu qui a envoyé la manne aux Israélites pour les nourrir. Et c’est encore Dieu qui invite chaque homme à répondre à son aspiration profonde, à la Vie qui n'a pas de fin.  Jésus est le vrai pain de vie. Et qui ne croit pas en Lui est coupable, parce que dans l’ère messianique il suffit, pour croire, de se laisser attirer par la grâce de Dieu. Qu’est-ce qu’était la manne par rapport au pain que Jésus a promis? Un aliment qui ne préserve pas de la mort. Lui, en revanche, assure la vie éternelle.
Suit l’allusion à l'Eucharistie, à sa chair qui sera offerte en sacrifice pour l'humanité. Qui reçoit cette nourriture authentique recevra la Vie éternelle,  de Celui que le Père a créé comme donateur  de la vie.
De nombreux disciples trouvèrent ce discours mystérieux et difficile à accepter. Cependant la croix et la conséquente glorification du Crucifié montrent que l'Eucharistie, avec la parole de l’Esprit, est vraiment capable de donner la vie.
Beaucoup  de ses disciples, note l'évangéliste, abandonnèrent Jésus. Mais Pierre, en revanche, au nom des apôtres, confirme sa foi en ce Messie que Dieu a envoyé  et consacré, et dont les paroles transmettent la vie éternelle, pour celui qui les accueille.

M. Adinolfi – G. B. Buzzone, Voyage au cœur de la Terre Sainte, Casale Monferrato 2000, 56-57.

"Jésus-Christ notre Seigneur, qui, avec un amour ineffable s'est donné pour nous." (Celano, première vie de Saint François d'Assise, chapitre XXX, [FF86])

Dans l'Église, comme dans la spiritualité franciscaine, le mystère de l'incarnation du Christ et le don de son corps et de son sang dans l'Eucharistie, représentent le centre et le sommet de la célébration de l’Amour du Père envers ses enfants. Cette annonce faite par Jésus dans la synagogue de Capharnaüm révèle son don mystérieux aux hommes. Mais ces paroles auront pour conséquence d’éloigner beaucoup de ses disciples. Jésus n'est pas compris par tous, il est même considéré comme un fou. Ce que les gens cherchent sont ses miracles et ses guérisons, pas tant la nouveauté et la profondeur du message qu’il venait apporter aux hommes, qui annonçait Son Amour entier pour l'humanité mais qui exigeait une suite plus radicale, et qui n’avait pas la saveur  du merveilleux et du Dieu qui se révèle dans la puissance et la force.
Le discours eucharistique de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm annonce à ceux qui le suivent, au lendemain de la multiplication des pains et des poissons, qui est le vrai pain qui ne périt pas. L'annonce de Jésus, qui proclame que celui qui mange sa chair et boit son sang aura la vie éternelle, est une épreuve de foi difficile à surmonter pour les disciples. La foi est demandée aux disciples de cette époque comme à toutes les époques. Quand chacun de nous se trouve devant  le pain et le vin consacrés il a besoin du don de la foi pour accueillir le Christ et avoir en Lui la vie éternelle.

La dévotion franciscaine à Jésus et aux lieux sanctifiés par son passage, Verbe de Dieu fait homme, produit un style de prière qui naît du désir de se conformer à l'image de Jésus, homme pauvre et crucifié. La célébration des événements de la vie du Christ se concrétise dans la Sainte Eucharistie. La célébration de la Messe votive de la Sainte Eucharistie à Capharnaüm est une preuve concrète de la dévotion des fils de François à Jésus présent dans son corps et son sang. De fait, en Terre Sainte il y a un lien étroit entre l'histoire et l'archéologie, entre la dévotion et la liturgie, si fort qu’il est en mesure de fournir les fondements de la tradition spirituelle.Les chrétiens des premiers siècles, identifièrent comme lieux saints, les lieux de la géographie du Moyen-Orient qui ont eu l'honneur d'accueillir le passage du Fils unique de Dieu, de sa sainte Mère, des apôtres et des événements de l'Ancien Testament. Les lieux saints sont les témoins qui parlent de manière concrète des événements historiques qui annoncent la Parole de Dieu. Dans tous les lieux de la chrétienté à partir du IVe siècle ap. J.C. surviennent partout les grandes basiliques autour des tombes des martyrs. En Terre Sainte ce qui témoigne de la présence du Christ est la géographie ; les basiliques de la Terre Sainte, les Martyria, sont des reliquaires qui ne gardent pas les os de quelqu'un, mais cette portion de la Terre qui portait les empreintes du passage de Dieu fait homme. 
Dans tous les Lieux Saints, au cours des siècles, la célébration constante des mystères du Christ par l'Eglise a produit des écrits et transmis des pratiques de prière et de vénération de ces lieux saints, qui constituent un patrimoine liturgique et dévotionnelle. Dans le cas de la maison de Pierre et la synagogue de Capharnaüm ce ne fut pas le cas en raison du déclin de la ville de Capharnaüm, qui n’a pas permis la transmission du culte du Lieu Saint. Plus tard, avec l'arrivée des frères en Terre Sainte au XIII e siècle, il y a eu les premières graines de la tradition redécouverte et récupérée. De fait, ils ont commencé à venir dans le lieu saint pour vénérer la maison de l'Apôtre Pierre et la Synagogue. Les premières célébrations dans les ruines de Capharnaüm sont attestées au XVe siècle. Elles se faisaient simplement par la prière du Pater, de l’Ave, et Gloria, pour l'acquisition de l'indulgence. Plus tard au XVII e siècle la lecture de l'Evangile a été ajoutée (Jn 6, 24-59). Une fois acheté le sanctuaire de Capharnaüm en 1890, les frères ont célébré la fête de la Sainte Eucharistie dans la Synagogue. Aujourd'hui, deux solennités sont célébrées: la fête de l'Annonciation de la Sainte Eucharistie et celle de saint Pierre Apôtre. Les frères effectuent également deux pèlerinages, l'un dans l'octave de la Pentecôte et l'autre dans l'Octave du Corpus Domini.
C'est agréable beau de se rappeler comment, dans les prières collectives dédiées à la célébration de l'Annonciation de la Sainte Eucharistie à Capharnaüm, l'Eglise demande aux fidèles d'être dignes de prendre le Pain de vie, demande d’avoir la foi pour recevoir le don du Corps du Christ, demande l'espérance dans la vie éternelle, demande la charité pour se configurer au Christ dans le don de soi pour ses frères.  Dans les prières, nous reconnaissons Dieu comme source de tout bien et, en Jésus-Sacrement, le don le plus grand fait en cadeau à l'homme. Par Dieu, nous demandons aussi la participation au Pain de vie éternelle pour qu’il soit source de vie également pour les autres. La participation à l’amour doit construire la fraternité entre les hommes. Les prières insistent pour avoir la force de mettre en œuvre cette charité qui constitue la fraternité et a sa source dans les paroles de vie éternelle et dans la communion au Corps et au Sang du Christ.

Les miracles

Jésus se manifeste à Capharnaüm par sa prédication, mais aussi par des miracles et des guérisons. Jésus ne veut pas se manifester par ses œuvres de guérison, il ne veut pas faire de la «publicité», mais les miracles qu'il accomplit le rendent très populaire et de cette manière il va attirer près de lui une grande foule qui lui demandera de recevoir la Grâce. Par ces miracles Jésus peut aussi révéler l’importance de sa mission : «Il a pris sur lui nos infirmités" (Isaïe 53: 4), cela revient à dire que Jésus se fait serviteur exprimant concrètement l'amour, principe et fin de l’activité de Jésus. Parmi les miracles les plus emblématiques rappelons ceux de la belle-mère de Pierre, du Paralytique, du serviteur du centurion, de l’hémorroïsse et de la fille de Jaïre.

Le serviteur du centurion

L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 8, 1-13)

Quand il fut descendu de la montagne, des foules nombreuses se mirent à le suivre. Or voici qu'un lépreux s'approcha et se prosterna devant lui en disant : "Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier." Il étendit la main et le toucha, en disant : "Je le veux, sois purifié." Et aussitôt sa lèpre fut purifiée. Et Jésus lui dit : "Garde-toi d'en parler à personne, mais va te montrer au prêtre et offre le don qu'a prescrit Moïse : ce leur sera une attestation." Comme il était entré dans Capharnaüm, un centurion s'approcha de lui en le suppliant : "Seigneur, dit-il, mon enfant gît dans ma maison, atteint de paralysie et souffrant atrocement." Il lui dit : "Je vais aller le guérir" - "Seigneur, reprit le centurion, je ne mérite pas que tu entres sous mon toit ; mais dis seulement un mot et mon enfant sera guéri. Car moi, qui ne suis qu'un subalterne, j'ai sous moi des soldats, et je dis à l'un : Va ! et il va, et à un autre : Viens ! et il vient, et à mon serviteur : Fais ceci ! et il le fait." Entendant cela, Jésus fut dans l'admiration et dit à ceux qui le suivaient : "En vérité, je vous le dis, chez personne je n'ai trouvé une telle foi en Israël. Eh bien ! je vous dis que beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux, tandis que les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures : là seront les pleurs et les grincements de dents." Puis il dit au centurion : "Va ! Qu'il t'advienne selon ta foi ! " Et l'enfant fut guéri sur l'heure.
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Luc (Lc 7,1-10)

Après qu'il eut fini de faire entendre au peuple toutes ses paroles, il entra dans Capharnaüm. Or un centurion avait, malade et sur le point de mourir, un esclave qui lui était cher. Ayant entendu parler de Jésus, il envoya vers lui quelques-uns des anciens des Juifs, pour le prier de venir sauver son esclave. Arrivés auprès de Jésus, ils le suppliaient instamment : "Il est digne, disaient-ils, que tu lui accordes cela ; il aime en effet notre nation, et c'est lui qui nous a bâti la synagogue." Jésus faisait route avec eux, et déjà il n'était plus loin de la maison, quand le centurion envoya des amis pour lui dire : "Seigneur, ne te dérange pas davantage, car je ne mérite pas que tu entres sous mon toit ; aussi bien ne me suis-je pas jugé digne de venir te trouver. Mais dis un mot et que mon enfant soit guéri. Car moi, qui n'ai rang que de subalterne, j'ai sous moi des soldats, et je dis à l'un : Va ! et il va, et à un autre : Viens ! et il vient, et à mon esclave : Fais ceci ! et il le fait." En entendant ces paroles, Jésus l'admira et, se retournant, il dit à la foule qui le suivait : "Je vous le dis : pas même en Israël je n'ai trouvé une telle foi." Et, de retour à la maison, les envoyés trouvèrent l'esclave en parfaite santé.
Bible de Jérusalem

La belle-mère de Pierre

L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 8, 14-17)

Etant venu dans la maison de Pierre, Jésus vit sa belle-mère alitée, avec la fièvre. Il lui toucha la main, la fièvre la quitta, elle se leva et elle le servait. Le soir venu, on lui présenta beaucoup de démoniaques ; il chassa les esprits d'un mot, et il guérit tous les malades, afin que s'accomplît l'oracle d'Isaïe le prophète : Il a pris nos infirmités et s'est chargé de nos maladies.
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Marc (Mc 1, 29-31)

Et aussitôt, sortant de la synagogue, il vint dans la maison de Simon et d'André, avec Jacques et Jean. Or la belle-mère de Simon était au lit avec la fièvre, et aussitôt ils lui parlent à son sujet. S'approchant, il la fit se lever en la prenant par la main. Et la fièvre la quitta, et elle les servait.
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Luc (Lc 4, 38-39)

Partant de la synagogue, il entra dans la maison de Simon. La belle-mère de Simon était en proie à une forte fièvre, et ils le prièrent à son sujet. Se penchant sur elle, il menaça la fièvre, et elle la quitta ; à l'instant même, se levant elle les servait.
Bible de Jérusalem

Le paralytique

L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 9, 1-8)

S'étant embarqué, il traversa et vint dans sa ville. Et voici qu'on lui apportait un paralytique étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : "Aie confiance, mon enfant, tes péchés sont remis." Et voici que quelques scribes se dirent par-devers eux : "Celui-là blasphème." Et Jésus, connaissant leurs sentiments, dit : "Pourquoi ces mauvais sentiments dans vos coeurs ? Quel est donc le plus facile, de dire : Tes péchés sont remis, ou de dire : Lève-toi et marche ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, lève-toi, dit-il alors au paralytique, prends ton lit et va-t-en chez toi." Et se levant, il s'en alla chez lui. A cette vue, les foules furent saisies de crainte et glorifièrent Dieu d'avoir donné un tel pouvoir aux hommes.
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Marc (Mc 2, 1-12)

Comme il était entré de nouveau à Capharnaüm, après quelque temps on apprit qu'il était à la maison. Et beaucoup se rassemblèrent, en sorte qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte, et il leur annonçait la Parole. On vient lui apporter un paralytique, soulevé par quatre hommes. Et comme ils ne pouvaient pas le lui présenter à cause de la foule, ils découvrirent la terrasse au-dessus de l'endroit où il se trouvait et, ayant creusé un trou, ils font descendre le grabat où gisait le paralytique. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : "Mon enfant, tes péchés sont remis." Or, il y avait là, dans l'assistance, quelques scribes qui pensaient dans leurs coeurs : "Comment celui-là parle-t-il ainsi ? Il blasphème ! Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? " Et aussitôt, percevant par son esprit qu'ils pensaient ainsi en eux-mêmes, Jésus leur dit : "Pourquoi de telles pensées dans vos coeurs ? Quel est le plus facile, de dire au paralytique : Tes péchés sont remis, ou de dire : Lève-toi, prends ton grabat et marche ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre, je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton grabat et va-t'en chez toi." Il se leva et aussitôt, prenant son grabat, il sortit devant tout le monde, de sorte que tous étaient stupéfaits et glorifiaient Dieu en disant : "Jamais nous n'avons rien vu de pareil."
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Luc (Lc 5, 17-26)

Et il advint, un jour qu'il était en train d'enseigner, qu'il y avait, assis, des Pharisiens et des docteurs de la Loi venus de tous les villages de Galilée, de Judée, et de Jérusalem ; et la puissance du Seigneur lui faisait opérer des guérisons. Et voici des gens portant sur un lit un homme qui était paralysé, et ils cherchaient à l'introduire et à le placer devant lui. Et comme ils ne savaient par où l'introduire à cause de la foule, ils montèrent sur le toit et, à travers les tuiles, ils le descendirent avec sa civière, au milieu, devant Jésus. Voyant leur foi, il dit : "Homme, tes péchés te sont remis." Les scribes et les Pharisiens se mirent à penser : "Qui est-il celui-là, qui profère des blasphèmes ? Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? " Mais, percevant leurs pensées, Jésus prit la parole et leur dit : "Pourquoi ces pensées dans vos coeurs ? Quel est le plus facile, de dire : Tes péchés te sont remis, ou de dire : Lève-toi et marche ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, je te l'ordonne, dit-il au paralysé, lève-toi et, prenant ta civière, va chez toi." Et, à l'instant même, se levant devant eux, et prenant ce sur quoi il gisait, il s'en alla chez lui en glorifiant Dieu. Tous furent alors saisis de stupeur et ils glorifiaient Dieu. Ils furent remplis de crainte et ils disaient : "Nous avons vu d'étranges choses aujourd'hui ! "
Bible de Jérusalem

La fille de Jaïre

L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 9, 18-19)

Tandis qu'il leur parlait, voici qu'un chef s'approche, et il se prosternait devant lui en disant : "Ma fille est morte à l'instant ; mais viens lui imposer ta main et elle vivra."19 Et, se levant, Jésus le suivait ainsi que ses disciples.
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Marc (Mc 5, 35-43)

Tandis qu'il parlait encore, arrivent de chez le chef de synagogue des gens qui disent : "Ta fille est morte ; pourquoi déranges-tu encore le Maître ? " Mais Jésus, qui avait surpris la parole qu'on venait de prononcer, dit au chef de synagogue : "Sois sans crainte ; aie seulement la foi." Et il ne laissa personne l'accompagner, si ce n'est Pierre, Jacques et Jean, le frère de Jacques.38 Ils arrivent à la maison du chef de synagogue et il aperçoit du tumulte, des gens qui pleuraient et poussaient de grandes clameurs. Etant entré, il leur dit : "Pourquoi ce tumulte et ces pleurs ? L'enfant n'est pas morte, mais elle dort." Et ils se moquaient de lui. Mais les ayant tous mis dehors, il prend avec lui le père et la mère de l'enfant, ainsi que ceux qui l'accompagnaient, et il pénètre là ou était l'enfant. Et prenant la main de l'enfant, il lui dit : "Talitha koum", ce qui se traduit : "Fillette, je te le dis, lève-toi ! " Aussitôt la fillette se leva et elle marchait, car elle avait douze ans. Et ils furent saisis aussitôt d'une grande stupeur. Et il leur recommanda vivement que personne ne le sût et il dit de lui donner à manger. 
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Luc (Lc 8, 49-56)

Tandis qu'il parlait encore, arrive de chez le chef de synagogue quelqu'un qui dit : "Ta fille est morte à présent ; ne dérange plus le Maître." Mais Jésus, qui avait entendu, lui répondit : "Sois sans crainte, crois seulement, et elle sera sauvée." Arrivé à la maison, il ne laissa personne entrer avec lui, si ce n'est Pierre, Jean et Jacques, ainsi que le père et la mère de l'enfant. Tous pleuraient et se frappaient la poitrine à cause d'elle. Mais il dit : "Ne pleurez pas, elle n'est pas morte, mais elle dort." Et ils se moquaient de lui, sachant bien qu'elle était morte. Mais lui, prenant sa main, l'appela en disant : "Enfant, lève-toi." Son esprit revint, et elle se leva à l'instant même. Et il ordonna de lui donner à manger.56 Ses parents furent saisis de stupeur, mais il leur prescrivit de ne dire à personne ce qui s'était passé. 
Bible de Jérusalem

L’hémorroïsse

L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 9, 20-22)

Or voici qu'une femme, hémorroïsse depuis douze années, s'approcha par derrière et toucha la frange de son manteau. Car elle se disait en elle-même : "Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée." Jésus se retournant la vit et lui dit : "Aie confiance, ma fille, ta foi t'a sauvée." Et de ce moment la femme fut sauvée.
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Marc (Mc 5, 25-34)

Il partit avec lui, et une foule nombreuse le suivait, qui le pressait de tous côtés. Or, une femme atteinte d'un flux de sang depuis douze années, qui avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins et avait dépensé tout son avoir sans aucun profit, mais allait plutôt de mal en pis, avait entendu parler de Jésus ; venant par derrière dans la foule, elle toucha son manteau. Car elle se disait : "Si je touche au moins ses vêtements, je serai sauvée." Et aussitôt la source d'où elle perdait le sang fut tarie, et elle sentit dans son corps qu'elle était guérie de son infirmité. Et aussitôt Jésus eut conscience de la force qui était sortie de lui, et s'étant retourné dans la foule, il disait "Qui a touché mes vêtements ? " Ses disciples lui disaient : "Tu vois la foule qui te presse de tous côtés, et tu dis : Qui m'a touché ? " Et il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, craintive et tremblante, sachant bien ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Et il lui dit : "Ma fille, ta foi t'a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton infirmité."
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Luc (Lc 8, 40-48)

A son retour, Jésus fut accueilli par la foule, car tous étaient à l'attendre. Et voici qu'arriva un homme du nom de Jaïre, qui était chef de la synagogue. Tombant aux pieds de Jésus, il le priait de venir chez lui, parce qu'il avait une fille unique, âgée d'environ douze ans, qui se mourait. Et comme il s'y rendait, les foules le serraient à l'étouffer. Or une femme, atteinte d'un flux de sang depuis douze années, et que nul n'avait pu guérir, s'approcha par derrière et toucha la frange de son manteau ; et à l'instant même son flux de sang s'arrêta. Mais Jésus dit : "Qui est-ce qui m'a touché ? " Comme tous s'en défendaient, Pierre dit : "Maître, ce sont les foules qui te serrent et te pressent." Mais Jésus dit : "Quelqu'un m'a touché ; car j'ai senti qu'une force était sortie de moi." Se voyant alors découverte, la femme vint toute tremblante et, se jetant à ses pieds, raconta devant tout le peuple pour quel motif elle l'avait touché, et comment elle avait été guérie à l'instant même. Et il lui dit : "Ma fille, ta foi t'a sauvée ; va en paix."
Bible de Jérusalem

L'appel

La première action que Jésus développe dans son ministère de vie publique est la «vocation», l'appel des deux premiers disciples. Jésus les appelle par leur nom, les appelle à suivre son chemin, en leur demandant de quitter tout ce qu'ils font pour la nouvelle qui leur est annoncée et la mission à laquelle ils participeront. Cet appel exige tout d’abord une conversion, c'est-à-dire de tourner son regard vers Lui et de le suivre avec le désir de se conformer à sa personne. La vocation trouve déjà une première révélation dans le nom de chacun, c’est pour cette raison que Jésus a appelé Simon, Pierre, parce que sa mission comme son appel sera d'être le roc sur lequel sera fondée l'Église du Christ. D’ailleurs, les apôtres sont appelés un par un et par leur nom, pour être identifié chacun dans leur unicité.
Dans l'appel la première expérience que l'homme fait est celle d’une forte et intime relation avec Dieu. Seul ce type de relation peut permettre aux disciples, qui se sentent aimés, de choisir de suivre Jésus dans une radicalité totale. La promesse que Jésus fait à Pierre et à André est très grande et demande un abandon et une confiance totale. Abandonner ses propres modèles et ses points de vue, pour accepter la vie comme un don de Dieu dans son intégralité, pour accepter l'appel comme un nouveau chemin à parcourir, en laissant de côté ses propres projets. On peut ici parler de deux types d'appels: l'un qui exige la foi des disciples et l'autre qui les appelle à la perfection, à suivre le chemin du Maître de manière inconditionnelle.

Les lieux et les moments où les disciples rencontrent Jésus sont ceux de leur vie quotidienne. C’est d’ailleurs dans ce contexte que Jésus se tourne vers Pierre et André, les appelants à le suivre. Il les appelle alors qu'ils sont en train de faire leur travail, de s’occuper de leur vie.
Même le langage que Jésus utilise avec ses disciples, rejoint l’environnement d’où ils viennent et est proche de leur culture. Il s’est adressé à eux, en leur disant: «Suivez-moi, je vous ferai pêcheurs d'hommes». A partir de ce moment, ce qui était leur simple vie de pêcheurs sur la mer de Galilée, devient une nouvelle vocation de mission et de proclamation de l'Amour de Dieu. Ils quittèrent alors les filets, la barque et leur famille pour suivre Jésus.
Nous pouvons aussi voir que l'appel arrive par deux ; deux frères sont appelés, Pierre et André. C'est parce que la paire est à la base de la fraternité et la vocation trouve son accomplissement dans la vie communautaire. En outre, la mission à laquelle ils seront appelés, va se réaliser de manière complète, se partager et s’expérimenter au sein d'une communauté. Nous voyons ici une nouvelle étape: les disciples sont appelés à porter le message de l’annonce de la Bonne Nouvelle et de l’Amour de Jésus pour tous les hommes. La mission est l'expression et le résultat naturel de celui qui se sent aimé et appelé par le Seigneur. Comme on l’a déjà dit, la vocation et la mission sont communautaires, parce que la communauté est le point de départ et de destination de chaque appel. De fait, c’est uniquement en étant en relation avec les frères que les disciples peuvent faire l'expérience de la filiation, car il n'est pas possible de se reconnaître fils si on ne découvre par aussi la fraternité. C’est dans ce contexte que l'Eglise est née, première communauté de foi enracinée en Jésus.

La vraie Eglise: Marie e Pierre

Marie, la Mère de Jésus est venue aussi à Capharnaüm, avec Jésus et pour Jésus (Jn 2,12, Mc 3,31 ss cf La T.S. 1990, 242-46). Ici, elle se révèle à nous et se donne comme «la Vierge à l’écoute» (MC 17), comme «la première disciple de son Fils» (Red. Mater 20.): Première dans tous les sens, par le temps et par sa qualité (LG 58). Ici, dans la maison de Simon Pierre, elle a certainement rencontré le prince des apôtres. Et c'est ainsi que la double dimension mariale et pétrinienne-apostolique de la véritable Église a commencé, révélée par Ste Brigitte de Suède au XIVe siècle (Revel. IV 139s) et, plus proche de nous, par Jean-Paul II (disc 22/12/1987).

L. Cignelli, La grâce des Lieux Saints, Jérusalem 2005, 45-46.

Marie:la mère de Jésus

"Il s’agissait d’une sorte d’action combinée par une entente: elle priait, Jésus agissait, Jésus prêchait et accomplissait des miracles, elle collaborait avec tout le sacrifice d’elle-même." (G. Venturini, la femme de Nazareth, Gênes 1988, 105)

L’information biblique sur les deux séjours de Marie à Capharnaüm, est comme d'habitude, à la fois très synthétique, mais d’un contenu inépuisable et toujours plein de surprises. Nous pouvons y puiser sans fin (Psaume 119.96; Sag 7,14), pour notre édification et consolation (Act 20.32, Rm 15.4).
Le premier séjour nous est raconté par un témoin oculaire: l'Apôtre St Jean, celui que Jésus aimait (Jn 19:26), le disciple le plus proche du Maître comme le pensait Saint- Ephrem le Syrien (De virg. 25.9) et Maria Valtorta (c 11,54 et 434).
«Après cela, il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples, et ils n’y demeurèrent que peu de jours» (Jn 2,12). Ce fut donc un court séjour, de «peu de jours», qui a eu lieu probablement dans la maison de Simon Pierre (Mc 1,29; 2, I), pour lequel il n’y a pas du avoir d’épisodes regrettables. Capharnaüm, comme Nazareth, n’avait pas encore déçu Jésus, ce qui se passera plus tard (Luc 4,22 ss; 10,15, 11,23 Mt s).
Inutile de préciser que le Seigneur, et avec lui sa mère, viennent à Capharnaüm, comme déjà à Cana et ailleurs, uniquement pour faire le bien (cf. Lc 1, 39ss, 4,31 ss, Actes 10,38). "Tout ce qui est fait par Jésus est un mystère et sert à notre salut», nous rappelle Saint-Jérôme (In Marcum 11, 1-10).
Quand à la Madone, c’est elle qui, dans cette première visite à Capharnaüm, poursuit le travail commencé officiellement à Cana ; celle de médiatrice de toutes grâces et d’éducatrice des frères et des disciples de son Fils. Ainsi Marie, la femme fidèle, rachète et porte la sublime vocation de la femme : semer partout la bonté et la joie (Luc 1,39 ss, Jean 2, 1 s.), tandis qu’Eve, la femme infidèle, sème partout la division et la douleur (Gn 3,6SS, Sir 25, 12ss). Bien sûr, ici comme ailleurs, la mère met tout en parfaite harmonie avec le Fils. Les deux semblent inséparables déjà dans l'Evangile, comme il en sera alors dans la liturgie et dans la vie authentique de l'Église. C'est ce qu’ont toujours enseignés les mystiques, ces poètes du monde spirituel.
Ainsi Marie est, à Capharnaüm, toujours donnée à la personne et à l'œuvre du Fils, «au service du mystère de la rédemption en Lui et avec Lui" (LG 56), faisant tout comme si elle était sur la pointe des pieds. Par ailleurs, sa présence, cependant discrète, reste malgré tout toujours visible. Ainsi les habitants du village peuvent la voir et apprendre à la connaître, au moins de visage, afin qu'un jour ils puissent dire: « De lui nous connaissons…sa mère ...» (Jn 6,42).
Le deuxième séjour nous est raconté par les évangiles synoptiques, en particulier par Saint- Marc qui en parle sous une forme plus large. Nous donnons donc la préférence à son récit. Mais d'abord, un mot sur le contexte.
Jésus est un enfant différent des autres et d’ailleurs contesté par les dirigeants politiques et par les religieux du pays (Marc 2,6 ss, 3, 2.6.22ss). Sa mère le suit comme elle peut et accourt chaque fois que son intuition maternelle lui fait pressentir quelques dangers. A un certain moment, le gênant Prophète est accusé d’avoir perdu le sens, évidemment dans le but de le faire mettre dehors (Mc 3,21). Nous savons que entre les fous et les délinquants la différence est faible et la fin concrète est la même pour tous: l'un comme l'autre doit être interné car dangereux pour la population ...
D’où précisément la préoccupation des membres de sa famille et, en particulier, de ceux de sa Mère pour qui «toutes ses pensées se tournent toujours et uniquement vers le Fils de Dieu et le sien" (Saint Bernardin de Sienne).

«Sa mère et ses frères arrivent et, se tenant dehors, ils le firent appeler. Il y avait une foule assise autour de lui. Et on lui dit: - Voici que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent. Il leur répond: - Qui est ma mère ? et mes frères - Puis promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère, et une sœur et une mère ». "(Mc 3,20 à 21 31-35.).
Bien sûr, nous devons distinguer la Mère des autres parents du Seigneur: ceux-ci, malheureusement, ne croient pas en lui (Jn 7,6). Elle en revanche est la croyante « bienheureuse » et exemplaire (Lc 1,45), si bien qu'un jour le Fils Lui-même la donnera comme « mère » et encouragera la nouvelle famille qu’il a formé (Jn 19,26 s). Lui, d'ailleurs, ne peut pas être en reste de générosité (Mc I 0,29). Comme la Mère nous porte et nous donne le Fils (Jn 2,5), ainsi le Fils nous porte et nous donne à la Mère (cf. Jn 19,26). Et les vrais croyants, qui accueillent Jésus de Marie, comme on accueille Marie de Jésus (Lc 1,42 s; Jn 19,27), deviennent participants de sa béatitude filiale. La Vierge Mère est en fait le don le plus exquis de notre Père céleste au Fils fait homme, et en lui, à tous les croyants. «Qui est plus belle et douce que Marie?" (Santa Gabriele del’Addolorata). Et surtout « la meilleure des mères »(pape Jean).
C’est ainsi que l'Eglise catholique, guidée par l'Esprit de vérité (Jn 16,13), a toujours compris l'épisode en question et un autre semblable (Lc 11, 27s): «Pendant Sa prédication, (la Mère) récoltait ces paroles avec lesquelles son Fils, proclamant le Règne au dessus des rapports et des liens de la chair et du sang, proclamait bienheureux ceux qui l’écoutaient et suivaient la Parole de Dieu (cf. Mc 3,35 Lc 11,27 s), comme elle le fit fidèlement (cf. Lc 2:19, 51) "(LG 58): Elle qui était « la Vierge à l’écoute »(mae. Cultus 17), « la première disciple de son Fils », « la première par le temps et par la qualité » (Red. Mater. 20), en d'autres termes «la première de la classe» (G. Meaolo). 
À son tour, Ste Thérèse souligne avec une fine perspicacité, la joie de la Vierge pour les paroles de Jésus sur la parenté spirituelle: «Ô Vierge Immaculée, ô tendre mère vous n’êtes pas affligée en écoutant Jésus. Vous vous réjouissez qu’Il nous fasse comprendre que notre âme devienne de sa famille ici. Oui, vous vous réjouissez qu’Il nous donne sa vie, les trésors infinis de sa divinité. Comment pouvons-nous ne pas vous aimer, ô, Marie, pour toute votre bonté pour nous? " (Poésie 34, 21 : Ed. Ancora, 1968, 230).
La Madone est une mère et en tant que telle, ne connaît pas la jalousie ni la rivalité: elle est pur amour pour nous, fils dans le Fils (Gal 3:26), elle se donne selon les besoins de chacun (Actes 1.14, 4, 35). C'est pour cela que "l'Eglise catholique, éclairée par le Saint-Esprit, avec la tendresse de la piété filiale, la vénère comme la mère très aimée" (LG 53), «une mère très aimante» (Paul VI, Disc. 21/11/64), et l’imite « comme une figure et un modèle admirable de foi et de charité»(LG 53).

Marie est le modèle, a précisé Paul VI, « parce que, dans sa vie qui lui est propre, elle a adhéré pleinement et de façon responsable à la volonté de Dieu (cf. Lc 1,38), parce qu’elle a écouté la parole et la mise en pratique ; parce que son action était animée de charité et d'esprit de service ; parce qu’enfin elle fut la première et la plus parfaite disciple du Christ, lui qui a une valeur exemplaire, universelle et permanente »(Mar. cultus 35). Par elle donc, mère et modèle, nous pouvons et nous devons apprendre à vivre la foi chrétienne, comment l’Eglise ou plutôt l’humanité authentique et entière, devient libérée et promise au divin. Et c'est Lui-même, Jésus, qui le veut. A Cana la Mère nous a mis à l'école du Fils (Jn 2,5); ici, à Capharnaüm, c’est le Fils qui nous met à l'école de sa Mère. Il veut que nous apprenions d'elle à devenir une famille, c’est à dire «frère, sœur et mère» (Mc 3,35). Lui qui s’est réalisé, partageant justement ce oui de la «parole-volonté de Dieu» (Lc 8,21 et Mc 3,35) qui a fait la vraie grandeur de la Mère (Lc 1,45, 11,28) et qui, pour tous, constitue le secret de toute vitalité et fécondité spirituelles, car «tout » naît et grandit par «la Parole de Dieu vivante et éternelle» (L Pt 1.23, 2.2, Ps 33,9). Pour nous dès lors, accepter Marie comme mère et modèle de vie, est à la fois un devoir et un intérêt. Cela signifie partager le choix du disciple bien-aimé (Jean 19:27) et de l'Eglise primitive (Ac 1,14): un choix extrêmement bénéfique, qui sauve et christifie (tout le dit). Rappelons nous les paroles prophétiques de Paul VI: «Si nous voulons être des chrétiens, nous devons être marials» (Homélie 24/04/70).

L' apôtre Pierre

Ici, Jésus a choisi les premiers collaborateurs ou apôtres avec Simon Pierre comme chef (Lc 5,10 s). De cet homme, qui sera son vicaire, il a tout pris ; sa personne, son métier, sa maison, portant chaque chose à sa perfection (Luc 4.38; 5.3. Ff)

L. Cignelli, La grâce des lieux saints, Jérusalem 2005, 45.

Extrait de Michael Mazzeo, Pierre Rocher de l'Eglise, Ed. Paoline, 2004, Milan, pp 34-46.
Le vocabulaire technique utilisé par les pêcheurs est disséminé dans tout le passage, ce qui suggère au lecteur de prendre au sérieux l'image de la pêche comme une métaphore de l'œuvre de Jésus et comme image de l'Eglise du temps présent (Augustin). Puisque le Christ est présent sur la barque, elle devient un symbole de l'Eglise (Maxime de Turin). Le miracle concerne la pêche des hommes, qui, à travers le ministère de la grâce, fonda l’Eglise et la fit croître jusqu'à maintenant. Jésus conduit le peuple à son Église par la prédication de l'Evangile (Cyrille d'Alexandrie). Cette Eglise est appelée à la barre de navigation comme Noé (Maxime de Turin). Comme les prophètes ont travaillé toute la nuit, les apôtres aussi donc. Une barque représente les Juifs, et l’autre trop pleine, les Gentils (Ephrem le Syrien). Pierre, comme les démons, reconnaît que Jésus est le Saint de Dieu et sa crainte vient du fait qu’il est en présence de la sainteté en tant que pécheur (Cyrille d'Alexandrie). Pêcher les hommes signifie leur prêcher le royaume de Dieu en Jésus et les amener dans ce royaume par le sacrement de l'Eglise (Maxime de Turin).

La Bible commentée par Padrl- Nouveau testament au soin de A.A. Just Jr, Ville Nouvelle, Rome 2006.

L'apôtre Pierre, l'apôtre de la primauté, celui qui a été appelé sur les rives de la mer de Galilée, répond avec immédiateté et générosité. Le contexte dans lequel résonne son appel est celui de sa vie quotidienne, mais qui déjà révèle la mission que Simon développera dans sa vie. Jésus lui dit: «Je vais faire de toi un pêcheur d'hommes" en l'appelant à sa future mission en tant que chef de l'Eglise. Le rôle de Pierre sera toujours celui d'un leader, un rôle important dans le groupe des apôtres, il sera toujours le porte-parole et le point de référence. Sa relation avec Jésus le transforme profondément et il est également révélé que cette relation devient si familière que sa maison devient le centre et le lieu où Jésus vit. Cela montre la relation d'intimité et la familiarité créée entre le maître et le disciple. Jésus entre dans la maison de Pierre, il vit ici comme si c'était sa maison.
Pierre sera aussi faible et fragile, mais cela montre clairement que Pierre est le premier par la grâce, non par le mérite!
Ce sera dans cette dimension que Jésus va donner un nouveau nom à l’apôtre qui ne s'appelle plus Simon, mais Pierre (Cephas / Rocher) précisant encore plus sa vocation: il est le fondement du rocher de la nouvelle communauté que le Christ est en train de fonder appelant ses disciples à le suivre et à vivre avec lui.

L'Evangile révélé aux petits

L'Evangile révélé aux petits (Mt 11, 25-27)

En ce temps-là Jésus prit la parole et dit : "Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir. Tout m'a été remis par mon Père, et nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler. 
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 18, 1-5)

A ce moment les disciples s'approchèrent de Jésus et dirent : "Qui donc est le plus grand dans le Royaume des Cieux ? " Il appela à lui un petit enfant, le plaça au milieu d'eux et dit : "En vérité je vous le dis, si vous ne retournez à l'état des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Qui donc se fera petit comme ce petit enfant-là, celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux. "Quiconque accueille un petit enfant tel que lui à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille.
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Marc (Mc 9, 33-37)

Ils vinrent à Capharnaüm ; et, une fois à la maison, il leur demandait : "De quoi discutiez-vous en chemin ? " Eux se taisaient, car en chemin ils avaient discuté entre eux qui était le plus grand. Alors, s'étant assis, il appela les Douze et leur dit : "Si quelqu'un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous." Puis, prenant un petit enfant, il le plaça au milieu d'eux et, l'ayant embrassé, il leur dit : "Quiconque accueille un des petits enfants tels que lui à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille ; et quiconque m'accueille, ce n'est pas moi qu'il accueille, mais Celui qui m'a envoyé."
Bible de Jérusalem

L’Évangile selon saint Luc (Lc 9, 46-48)

Une pensée leur vint à l'esprit : qui pouvait bien être le plus grand d'entre eux ? Mais Jésus, sachant ce qui se discutait dans leur coeur, prit un petit enfant, le plaça près de lui, et leur dit : "Quiconque accueille ce petit enfant à cause de mon nom, c'est moi qu'il accueille, et quiconque m'accueille accueille Celui qui m'a envoyé ; car celui qui est le plus petit parmi vous tous, c'est celui-là qui est grand."
Bible de Jérusalem

Ouverture du Sanctuaire:
8h00 - 17h00(horaire continue)


Entrée: 
Coût: 5 shequel


Saintes Messes:
Il est possible de célébrer la Messe au mémorial de St Pierre en faisant une réservation au CIC. Pour ceux qui le désirent il est possible d'utiliser également les espaces aménagés avec des bancs qui se trouvent devant le lac.


Fêtes et célébrations pendant l'année:
Sainte Eucharistie
Solennité de Saint Pierre
Pèlerinage pour l'octave de la Pentecôte
Pèlerinage pour l'octave du Corpus Domini 


Réservations des messes par des prêtres et des groupes Catholiques certifiés par le pelerinage en Terre Sainte:
CIC - Christian Information Centre 

(l'intérieur de la porte de Jaffa, en face de la Citadelle)
tel: +972 2 6272697
tel: +972 2 6272692
fax: +972 2 6286417
e-mail: cicinfo@cicts.org


Contacts:
Couvent de la Promesse Eucharistique
Minzar Terre Sainte, P.O.B. 2257, 14122 Tiberias
ISRAEL
Tel: +972. 04 / 672.10.59 (Monastère)
+972. 04 / 679.20.64 (Sœurs)
Fax: +972. 04 / 671.59.06


Comment rejoindre Capharnaüm:
Capharnaüm se trouve le long du versant nord du Lac de Tibériade le long de la route nationale n° 87.
De Tibériade partent différentes lignes de bus publics qui conduisent vers le nord. Il est possible de descendre à l'arrêt Kfar Nahum Junction et de continuer à pied le long du chemin piéton aménagé en direction de Capharnaüm (longueur du parcours: 3,2 km).
Le long de la route on rencontre les sanctuaires de l'Eglise de la Multiplication et de la Primauté de Pierre.


Jesus Trail
Pour qui veut rejoindre à pied Capharnaüm en partant de Nazareth un parcours piéton de 65 km a été recemment aménagé, abordant les plus importants souvenirs religieux et historique de ce coin de Galilée.
info: http://jesustrail.com/


Logement: Dans la zone du Lac de Tibériade, l'hospitalité franciscaine est présente dansTibériade au Casa Nova, au Mont des Béatitudes, Tabgha chez les Sœurs Franciscaines Missionnaires du Cœur Immaculé de Marie. 
informations:
“Mount Beatitudes Hospice”
South Golan 12365, Israel?Tel: +972-4-6726712?Fax: +972-4-6726735?
E-mail: ospbeat@netvision.net.it