Béatification d’Abouna Yacoub, capucin | Custodia Terrae Sanctae

Béatification d’Abouna Yacoub, capucin

Le 22 juin 2008, à Beyrouth, a été béatifié Abouna Yacoub, capucin. Pour prendre part à cette fête, sont arrivés au couvent Saint Joseph de Beyrouth Frère Romuald Fernandez du Mémorial de Saint Paul à Damas, Frère Firas Lufti d’Alep, et Frère Najib Ibrahim de Jérusalem.

La veille au soir nous avons fait un tour à la Place des Martyrs où se faisaient des préparatifs. Les jeunes de la Croix-Rouge étaient en train de monter des tentes. Nous nous sommes assis devant l’estrade sur laquelle on préparait un grand autel, le trône du Cardinal et des fauteuils pour les Prélats catholiques et orthodoxes invités à la cérémonie. La chorale répétait les chants, arabes et français, de la célébration. Des personnes passaient, s’arrêtant un moment par curiosité, pour regarder comme nous ces préparatifs.

Le Dimanche 22, à 9 heures, nous avons rejoint à pied la Place des Martyrs. Depuis le matin, une foule nombreuse passait sous notre couvent, où l’armée avait placé un point de contrôle. Les routes avaient été coupées à la circulation. Avec notre aube, notre étole et un petit chapeau, et avec la photo d’Abouna Yacoub, nous avons fait route, en passant par de multiples points de contrôle.

Il est étrange que la cérémonie se déroule en un lieu qui sépare les deux parties de la ville, en un lieu qui jusqu’au mois dernier fut le théâtre de violents combats, qui n’ont fini providentiellement que le 22 mai par l’accord mettant fin à la lutte armée. Les adversaires ont quitté cette place qu’ils occupaient depuis un an et demi. Le nouveau Président du Liban fut élu à la quasi unanimité ; et maintenant la foule circule sans crainte sur cette Place. Curieuse transformation ! L’évêque Bishara Ra’i l’attribue à l’intervention d’Abouna Yacoub juste un mois avant sa béatification.

La célébration se déroule dans un émouvant climat de prière. La foule présente a suivi la cérémonie avec piété. La Cardinal José Martinez célèbre la messe en rite latin et en langue française alors que les lectures sont en arabe. La chorale a accompagné la cérémonie par des chants polyphoniques en latin, français, et arabe. Le Vicaire Apostolique Latin du Liban, Monseigneur Paul Dahdah, présente la demande de béatification au Cardinal Martinez. Ensuite, le vice Postulateur de la Cause, le capucin Selim Rizqalla, lit des notices biographiques du Vénérable.

Un long applaudissement exprime la joie de la foule quand le Cardinal déclare, au nom du Pape, que le vénérable Abouna Yacoub est inscrit sur la liste des Bienheureux, et que sa fête sera célébrée le 26 juin.

L’évangile est proclamé par le Patriarche Maronite : le Cardinal Nasrallah Sfeir. Il dit dans son homélie : « Le Bienheureux reflète l’authentique du Liban, terre d’accueil et de convivialité pacifique entre les diverses parties de sa population. Puisse l’intercession du nouveau Bienheureux et de tous les Saints du Liban faire que cette Terre redevienne un exemple de convivialité pacifique ».

Parmi les invités, aux premières places, on voyait le Président de la République, le Maronite Michel Soleiman ; le Président de le Chambre des Députés, le Shiite Nabih Berry ; et le Premier Ministre, le Sunnite Fouad Siniora. Il était clair que ces paroles étaient destinées à eux aussi, en même temps qu’aux diverses factions de la population Libanaise.

La Messe se poursuivit avec l’offrande de Dons qui étaient à l’image des multiples formes de charité d’Abouna Yacoub : 2 enfants qui venaient de faire leur Première Communion, un handicapé, des infirmiers, des médecins, un neveu du Bienheureux portant l’arbre généalogique de sa famille, le Maire de Ghazir membre de la famille du Bienheureux, une religieuse âgée portant la Règle de sa communauté écrite par Abouna Yacoub, des hymnes et cantiques œuvres d’Abouna Yacoub, le blason des Capucins présenté par le Frère Fadi Sarkis, le blason du Tiers-Ordre-Séculier que le Bienheureux a inauguré et diffusé au Liban et enfin la Mère Générale, Sœur Marie Makhlouf, présentant une Croix dans laquelle se trouve une relique du Bienheureux.

A la fin de la Messe, le Ministre Général des Capucins et la Mère Générale ont fait 2 discours retraçant la vocation des Capucins au Moyen-Orient et la vocation des Sœurs Franciscaines de la Croix qui vise le service d’aide aux plus malchanceux. Plusieurs fois sont rappelés la vocation du Liban à la convivialité pacifique; ainsi que les Martyrs qui sont morts sur cette Place pour le Liban. Le Cardinal José Martinez a encouragé, au nom du Pape, les Libanais à suivre les exemples du nouveau Bienheureux, authentique fils de Saint François.

A Rome, le Pape a évoqué le nouveau Bienheureux, à la fin de l’Angélus. Il a souhaité « de tout cœur que l’intercession du Bienheureux Abouna Yacoub, unie à celle des Saints du Liban, obtienne que ce Pays, aimé et martyrisé, qui a trop souffert, progresse finalement vers une paix stable ».

Après la Bénédiction solennelle, la célébration s’est terminée par le chant joyeux du « Regina Cæli » en arabe. Tous sont retournés chez eux en portant avec eux une joie et une nouvelle espérance pour l’avenir du Liban, ainsi que pour l’avenir des chrétiens au Liban mais aussi dans tout le Moyen-Orient, par l’intercession de ses Saints que le Seigneur suscite afin que l’Eglise continue sa Mission Apostolique sur cette Terre qui fut le berceau du christianisme.

Frère Joseph Constantin ofm