Jeudi Saint à Jérusalem : « C’est tellement fort ! » | Custodia Terrae Sanctae

Jeudi Saint à Jérusalem : « C’est tellement fort ! »


Il est prêtre. Il vit pour la première fois la Semaine Sainte à Jérusalem et c’est aujourd’hui le Jeudi Saint. À l’issue de la messe du Patriarche, ce matin à 7 heures au Saint-Sépulcre, il me disait déjà, sans trouver d’autres mots : « C’est tellement fort ! ».

Il était ému. À plusieurs reprises, nos pas se sont croisés dans la Ville Sainte aujourd’hui, tant il est vrai que les célébrations d’un point à un autre de la cité sont multiples. En plus de celles de la Custodie, qui, dans l’après-midi, se partage entre le Saint-Sépulcre et le Cénacle, presque toutes les communautés vivent au moins une célébration. Jérusalem ressemble à une ruche de prière. Et les pèlerins nombreux butinent ici ou là.

Des célébrations, il y en a pour tous les goûts, dans tellement de langues et pour tous les âges. Ainsi, pour la deuxième année consécutive, le Custode de Terre Sainte, Pierbattista Pizzaballa, a présidé la célébration du Lavement des pieds, dans le Cénacle même, pour les petits garçons de la paroisse. Rien que pour eux, devant les yeux ébahis, émerveillés et presque affectueusement jaloux des pèlerins de passage à ce moment-là. Les chants étaient en arabe, accompagnés d’un orgue portatif.

Les enfants marquaient peut-être moins d’émotion que leurs aînés qui ont vécu ce geste fait par le Patriarche durant la messe du matin, ou ceux de l’après-midi à la paroisse latine de Saint-Sauveur, mais ils étaient heureux. Le Custode aussi.

Au Cénacle, les groupes se succèdent, dans la pièce même où Jésus institua l’Eucharistie. C’est le Mystère du jour. Les pèlerins sont nombreux en ville, on parle d’un record d’affluence depuis l’an 2000. Et la pièce est bondée de pèlerins quand un groupe de franciscains y célèbrent les vêpres à 15 h 30.

Pendant ce temps, la plupart des frères sont en prière avec les séminaristes du Patriarcat au Saint-Sépulcre, toutes portes closes suivant l’usage. Une porte qui s’est ouvert pour eux en début d’après-midi, après que les clés, un temps confiées - suivant l’usage - au vicaire custodial, frère Artémio Vitores, aient été rapportées au Sépulcre.

Il est 18 h 30, je recroise le prêtre. Ou plutôt je croise ses yeux, son regard embué d’émotion. Je le sens tout à l’intérieur de lui-même, comme essayant de canaliser un trop plein de joie. Devant le Saint Sacrement exposé, à l’heure où les Heures Saintes, qui vont rythmer la nuit de Jérusalem, commencent, je croirais entendre son cœur qui bat et s’il ne se retenait pas je crois qu’il danserait sur ce rythme de joie comme David devant l’arche d’Alliance.

Après la joie d’avoir reçu le don de l’Eucharistie, la veillée de prière dans la soirée, à Gethsémani, commémorera, elle, l’heure de la trahison, l’agonie du Christ. Décidemment, un Jeudi Saint à Jérusalem : « C’est tellement fort ! »

Mab