Conférence interreligieuse à Jérusalem sur l’encyclique Laudato Si' | Custodia Terrae Sanctae

Conférence interreligieuse à Jérusalem sur l’encyclique Laudato Si'

Présenter à la société israélienne et palestinienne l’encyclique Laudato Si' et discuter d’« écologie intégrale » : tel est l’objectif de la conférence qui s’est déroulée le 12 mars au Notre Dame Center de Jérusalem. À environ trois ans de la publication de Laudato si’, l’appel du Pape à « toute personne qui habite cette planète » contenu dans l’encyclique, a été le point de départ des conférenciers issus des trois religions monothéistes et qui ont partagé leur point de vue sur le thème commun de l’écologie. Chrétiens, juifs et musulmans ont participé à cet événement organisé par la commission Justice, Paix et Intégrité de la Création de la Custodie de Terre Sainte. Ils ont suivi avec intérêt et en posant des questions.

Le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le Service au Développement Humain Intégral, était également présent. « Le service au développement humain intégral comprend de nombreux défis, dont certains sont liés à "l’écologie intégrale" – a affirmé le Cardinal –. Il s’agit d’exclusions, d’indifférence, de manque d’équité et de solidarité, mais aussi des conflits qui affectent de nombreux pays et populations ». Dans la lignée de ce qu’a affirmé le pape François dans Laudato Si', Mgr Turkson a souligné qu’il fallait travailler à une « conversion écologique » qui engage non seulement les personnes individuellement, mais aussi la communauté.

Le respect de la création est un concept également souligné dans le Coran, comme l’a affirmé dans son intervention le Pr Mohammed S. Dajani Daoudi, directeur et fondateur du Wasatia Academic Graduate Institute : « Le Coran Sacré, considéré par tous les musulmans comme étant la source principale pour la doctrine islamique et ses croyances, affirme que Dieu créa l’homme de la terre et que la terre elle-même est création de Dieu, donnée par la grâce de son créateur à l’humanité afin qu’elle puisse l’apprécier. C’est un droit et une responsabilité d’utiliser et d’exploiter la nature que Dieu nous a accordée, et cela nous oblige à la protéger et à la conserver ».

« La tache écologique assignée à l’humanité est exprimée dans le Midrash au livre de l’Ecclésiaste (Kohelet Rabbah 7 Section 28) », a ensuite expliqué le rabbin David Rosen, directeur international des Affaires Interreligieuses (AJC). De ce Midrash on peut tirer trois leçons fondamentales : la création appartient à Dieu qui l’a créée, l’humanité est en réalité un partner de Dieu dans la Création, l’homme a la responsabilité de garder la création. C’est pourquoi, afin de rétablir la relation avec le Divin et le milieu naturel, les juifs observent les préceptes du repos du shabbat et le repos de « l’année sabbatique », en laissant en friche la terre de façon cyclique pour un certain temps.

Le Pr Stefano Zamagni, professeur d’Economie à l’Université de Bologne et Membre de l’Académie Pontificale des Sciences Sociales, s’est ensuite arrêté sur la mission propre à la miséricorde dans le domaine économique : « celle de donner “forme” au marché, en l’humanisant ». « Une société ne peut pas progresser sur la voie du développement intégral en gardant dissociés le code de l’efficacité et celui de la fraternité » a dit le Professeur.

Les conclusions de la journée ont été confiées au cardinal Peter Turkson. Pour mieux comprendre le message de Laudato Si', le Cardinal a suggéré de mettre l’accent sur sept « C » : en anglais, Continuity, Collegiality, Conversation, Care, Convertion, Citizenship and Contemplation (Continuité, Collégialité, Conversation, Soin, Conversion, Citoyenneté et Contemplation). L’objectif de l’homme est une « conversion écologique » qui puisse conduire à une « citoyenneté écologique » qui soit respectueuse de l’environnement, pour une contemplation des merveilles de la création.

Beatrice Guarrera